Puisqu'il m'arrive de pousser trop souvent des coups de gueule contre les imposteurs de l'art contemporain, je me prends à espérer qu'il existe encore des artistes talentueux trop peu médiatisés. Je laisserai donc le soin pour cette fois ci de tenir le fonds de commerce de l'indignation à la rubrique du courrier des lecteurs de Télérama.
Il m'a rarement été donné de visiter une expo aussi bien montée que celle consacrée à Ernest Pignon Ernest à l'espace Encan de La Rochelle : pas d'argumentaire superflu autre que la parole de l'artiste, une démarche artistique se situant en dehors de l'art formaté pour musées ou foire d'art contemporain (toute allusion à la FIAC ne serait que pure coïncidence) et les œuvres AAAH, les œuvres, Ernest Pignon-Ernest a plus fait pour faire descendre l'art contemporain de son piédestal que n'importe quel commissaire d'expo, galeriste, ou ministre de la culture réunis. Il était en effet l'un des premiers artistes a concevoir la rue comme un espace d'exposition et d'expression artistique. Avec une science (c'est un cran au dessus de la technique) maniaque du dessin que l'expo met parfaitement en valeur, ses œuvres ne sont pas sans rappeler celles de Caravage mais s'inscrivant dans une thématique sociale (chômage, misère), politique (lors du jumelage de Nice, sa ville natale avec Le Cap en pleine période d'Apartheid, ou lorsqu'il travaille sur un portrait de Pablo Neruda à Santiago sous la dictature de Pinochet), religieuse (descente de croix, ainsi que sa période napolitaine) ou mythologique. Un seul regret : l'expo était trop brève (6 semaines seulement), mais quand l'art pour tous se meurt, ça fait du bien de se prendre de temps en temps une bonne dose d'oxygène...
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