Ca va finir par devenir une vieille rengaine mais depuis le temps que l’art contemporain se décridibilise dans les musées hexagonaux, il faut pas venir s’étonner s’il n’a pas plus de crédit lorsqu’il est exposé en place publique. Le dernier exemple en date est une statue de l’icône nationale qu’est Johnny Hallyday. qui a été déboulonnée puis vendue aux enchères alors qu’elle trônait depuis deux ans face au centre culturel de Verneuil sur Avre en Normandie. D’abord réalisée à l’occasion d’un festival d’art naïf, elle est depuis restée sur place. Sauf que, les chers administrés se sont plaints auprès de monsieur le maire de l’incongruité de l’œuvre située entre une église du XVème et une tour médiévale...Johnny n’est plus tout frais mais quand même !!
L’organisateur du festival d’art naïf a donc dû se résoudre à la vendre aux enchères au profit de Maurice Bordier, le sculpteur. Le foin dégagé par cette pseudo polémique comme seul l’art sait générer a tout de même permis de rapporter 8200 euros à son auteur.
Au-delà du fait que ce n’est pas la première fois que la polémique et/ou la provocation font vendre indépendamment de l’œuvre en elle-même, on peut quand même se demander s’il est de bon ton de statufier des personnages contemporains. Nul doute que s’il s’était agi d’un homme politique, il y aurait eu un tsunami de protestations, du moins de la part de ses adversaires. Le fait qu’il s’agisse d’un personnage du show-biz, paraît moins dérangeant : après tout il y a longtemps que le pop art s’est attribué les icônes forgées par notre société de leur vivant. Mais il s’agit d’une statue, d’une part, exposée dans un lieu public, d’autre part, et pas vraiment créée pour s’intégrer à ce lieu en particulier. Le risque est qu’avec une statue d’un personnage public comme Johnny, on en arrive à une forme d’idolâtrie qui peut être parfois malsaine. Peut-on pour autant reprocher aux artistes de représenter des hommes ou des femmes que la société a elle-même érigés en mythes de leur vivant ? Certains vous diront qu’on touche à la liberté de création de l’artiste qui n’est pas toujours conscient ou au courant de l’utilisation qui va être faite de son œuvre a fortiori quand son choix du sujet se révèlerait assez maladroit. Ce qui est certain en revanche, c’est que l’œuvre en question a été vendue à...un fan de Johnny, et que vous verrez fleurir dans les mois qui suivront le décès de Johnny des statues de toutes tailles sur les places des villages qui rebaptiseront les rues du nom de notre rocker national.
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