Si vous avez une âme de théoricien de l'art, je vous recommande le bouquin de Jean-Louis Harouel, La Grande Falsification – L'art contemporain, Ed Jean-Cyrille Godefroy que je viens de terminer récemment. Outre le fait qu'il rejoint plus ou moins en des termes plus philosophiques voire abscons le propos de ce modeste blog, sa vision est juste bien que parfois un peu trop tranchée.
Il situe la dérive de l'art à l'apparition de la photographie, coupable d'après lui d'avoir volé le monopole de la représentation dont bénéficiaient les artistes depuis toujours.
Dans le viseur également: les intégristes de l'art contemporain qui vouent une adoration aveugle à tout ce qui est exposé au Centre Pompidou ou au Palais de Tokyo ne laissent aucune place à ceux et celles qui font de l'art sans espoir d'accéder à une quelconque reconnaissance de la part des institutions. Il dénonce à juste titre les dévots (entendez par là ceux qui sacralisent l'artiste et l'art contemporain) dépourvus de sens critique participant à cette vaste supercherie. « L'art laisse la place à l'enflure du petit moi du soi-disant artiste, tout empli de la croyance en son prétendu génie », génie alimenté par lesdits dévots ainsi que par son propre narcissisme. Certes, Duchamp (mais si vous savez le planqué de la guerre de 14 qui préféra exposer une pissotière à New York plutôt que d'aller charcuter du Teuton dans la boue des tranchées) et Dada sont responsables de cette petite mort mais pas autant que ceux qui les encensent et les exposent.
Ce qui en revanche pose problème dans cet essai d'Harouel, est le fondement sur lequel il se base pour décréter qu'une œuvre est bien ou mal peinte, ou qu'un artiste est bon ou mauvais. La notion d'œuvre d'art pour lui semble s'arrêter au pré-impressionnisme voire en extrême limite à Picabia (exception faite de Lucian Freud) d'après des critères qui lui sont propres en éludant toute définition.
L'analyse d'Harouel est dure, fervent partisan du « c'était mieux avant », soutenant que la mission de l'artiste doit se limiter à « représenter le visible ». Au final, il dénonce les dogmes de l'art contemporain pour imposer les siens, les notions de bon et de vrai artiste et leurs opposés sont une constante dans cet essai qui vaut cependant la peine d'être lu par tout professionnel ou amateur éclairé de l'art au sens large.
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