On ne m’enlèvera pas de l’idée qu’il existe quelque part un(e) artiste dont le travail n’est pas (re)connu et qu’on découvrira seulement dans quelques décennies. Au même titre que les œuvres de Vermeer ont commencé à faire l’objet d’articles dans la presse artistique (il est vrai peu diffusée en 1866) près de deux cents ans après sa mort, et furent exposées au public dans le cadre d’une exposition personnelle en 1935 seulement, pourquoi le marché de l’art, avec son cynisme habituel a-t-il attendu si longtemps avant de le consacrer au Panthéon des artistes trop tard reconnus ? Si encore, Vermeer était le seul...Combien d’œuvres présentées dans nos musées ont été acquises du vivant du peintre ? Je ne parle pas des œuvres offertes gracieusement aux musées par les galeries et collectionneurs pour faire grimper artificiellement la cote de leurs protégés et qui finiront dans les réserves faute de place en attendant qu’il passe l’arme à gauche mais de celles acquises en dehors de tout copinage et de relation intéressée.
Bien sûr, au XVIIème siècle pour faire connaître son travail, c’était beaucoup plus compliqué qu’à l’époque du tout numérique et d’Internet. Les différentes plates-formes présentes sur le net permettent à tout artiste débutant ou confirmé de faire connaître son travail là où Vermeer était quasiment inconnu à l’extérieur de Delft. Bien sûr, la variété de « l’offre artistique » rend la démarche plus difficile pour le dénicheur de talent qui doit passer par une phase de sélection pointue obligatoire. D’autre part, le cas de Vermeer est un peu particulier dans le sens où le maître de Delft serait l’auteur de seulement 45 œuvres, dont 35 ont encore été conservées. Sa faible production n’a certes pas aidé à regrouper ses œuvres pour monter une expo…mais sa rareté fait aussi partie de son mythe.
Peut-on vraiment lutter contre la valorisation des oeuvres selon le statut dans lequel se trouve l'artiste l'ayant produite ? En effet tant que cet effet existe, le(s) fameux artiste(s) inconnus le resteront peut-être le temps que les dénicheurs de talent prennent le dessus sur les dénicheurs de rareté
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