Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

jeudi 17 juin 2010

Reproductions en série illimitée...

Profane en matière d’art contemporain, prends garde ! Si le fait d’acquérir une œuvre tirée en un nombre limité d’exemplaires peut paraître un bon moyen de se faire plaisir en sortant des sentiers battus de la déco Ikea, il faut savoir que nombre de marchands proposent à la vente des éditions soi-disant limitées (faut voir le nombre d’exemplaires : 200, 300, 500 voire 1000 !!). Ce qu’ils ne disent pas c’est que la limitation des tirages ne vaut que pour un format donné : une fois leurs 500 exemplaires écoulés rien ne les empêche (ils ne s’en privent pas d’ailleurs) de refaire 500 exemplaires dans un format différent. Cette pratique s’étend chez certains marchands peu scrupuleux (avec d’ailleurs la complicité de certains artistes) qui vendent des bronzes originaux en 12 exemplaires et une fois ceux-ci écoulés, font faire des agrandissements par le fondeur afin d’en proposer 12 autres exemplaires « originaux » pour répondre à la demande.
Si cette pratique reste malgré tout marginale (du moins j’ose encore l’espérer), elle existe et outre à prendre les gens qui achètent à des prix à 4 zéros pour des abrutis, met à bas la belle image clinquante et respectable du marché de l'art...Bien sûr, Dali dont la fibre commerciale était assez poussée savait que sa seule signature conférait une valeur à n’importe quelle page blanche. Chose qu’il ne s’est pas privé de faire, laissant toute latitude à l’imprimeur sur le nombre d’exemplaires et sur l’image à reproduire. Cela n’enlève rien à son talent mais ternit quand même l’image d’un artiste prêt à tout pour vendre ses œuvres.

jeudi 3 juin 2010

A la mémoire de l’artiste inconnu

On ne m’enlèvera pas de l’idée qu’il existe quelque part un(e) artiste dont le travail n’est pas (re)connu et qu’on découvrira seulement dans quelques décennies. Au même titre que les œuvres de Vermeer ont commencé à faire l’objet d’articles dans la presse artistique (il est vrai peu diffusée en 1866) près de deux cents ans après sa mort, et furent exposées au public dans le cadre d’une exposition personnelle en 1935 seulement, pourquoi le marché de l’art, avec son cynisme habituel a-t-il attendu si longtemps avant de le consacrer au Panthéon des artistes trop tard reconnus ? Si encore, Vermeer était le seul...Combien d’œuvres présentées dans nos musées ont été acquises du vivant du peintre ? Je ne parle pas des œuvres offertes gracieusement aux musées par les galeries et collectionneurs pour faire grimper artificiellement la cote de leurs protégés et qui finiront dans les réserves faute de place en attendant qu’il passe l’arme à gauche mais de celles acquises en dehors de tout copinage et de relation intéressée.

Bien sûr, au XVIIème siècle pour faire connaître son travail, c’était beaucoup plus compliqué qu’à l’époque du tout numérique et d’Internet. Les différentes plates-formes présentes sur le net permettent à tout artiste débutant ou confirmé de faire connaître son travail là où Vermeer était quasiment inconnu à l’extérieur de Delft. Bien sûr, la variété de « l’offre artistique » rend la démarche plus difficile pour le dénicheur de talent qui doit passer par une phase de sélection pointue obligatoire. D’autre part, le cas de Vermeer est un peu particulier dans le sens où le maître de Delft serait l’auteur de seulement 45 œuvres, dont 35 ont encore été conservées. Sa faible production n’a certes pas aidé à regrouper ses œuvres pour monter une expo…mais sa rareté fait aussi partie de son mythe.