Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

mardi 14 décembre 2010

La provocation défraichie by Larry Clark

Je suis allée voir la fameuse exposition de Larry Clark, au Musée d’Art Moderne de Paris, celle dont tout le monde parle en raison de son interdiction par la mairie aux moins de 18 ans…
Attention les yeux !!
Sur place, peu de clichés, une impression d’expo un peu maigre et faite surtout pour être « cool ». Comme on si attend quand on connaît un peu le travail de Clark, une ambiance plutôt malsaine (des seringues, du sexe, des visages défigurés par la douleur), mais c’est le gros manque de contextualisation des photos qui se trouve être le plus gênant finalement.

Nous vivons dans une société ultra-érotisée, où les fesses sont partout, le sexe n’est donc plus vraiment une marque de provocation. Cette expo sent le réchauffé, le faux sulfureux et la provoc’ défraîchie, et ces photos ne choquent plus personne. La seule chose qui me trottait dans la tête pendant la visite de cette expo était « pourquoi »? Quel est le sens de tous ces clichés, où veut-il en venir? N’a t-il aucun autre intérêt que le glauque? N'a t-il rien d'autre à dire? Quelle est cette étrange obsession?
Les photos appartiennent à une série représentant des membres de la jeunesse paumée de la ville de Tulsa (Oklahoma), aux Etats-Unis, dans les années 60-70. Clark ne fait que saisir une réalité très crue.
Sur Europe 1, Guy Carlier comparait cette exposition à l’Origine du monde de Courbet. La bonne blague !! Comparer Clark à Courbet, déjà, c'est fort, mais surtout, Courbet a révolutionné l'histoire de l'art et a fait bouger les mentalités sclérosées de son époque en représentant un sexe féminin, quand Clark montre une femme enceinte en train de se piquer, des partouzes et des adolescents en train de découvrir leurs corps...
A l’époque où il prend ces photos, Clark a une vingtaine d’années. Qu’est-ce qu’il fabrique dans l’alcôve d’adolescents, à les prendre en photo dans leur intimité? Lorsque Le Monde lui pose la question, Larry Clark dément tout « désir » pour les sujets représentés, tout en reconnaissant que ces photos sont « dérangeantes ». Mais il relativise immédiatement : « l’art est dérangeant ». Mouais, ce qui est sûr c'est que Larry Clark a fait le tour de son "art" et n'a pas beaucoup évolué, hélas, il n'a plus grand chose à nous dire et c'est dommage.

lundi 22 novembre 2010

Un grand merci !!

Puisque le moment de décrocher les oeuvres est passé, nous en profitons pour adresser un grand merci à toutes celles et ceux qui étaient présents le 11 Novembre dernier au vernissage de l'expo "Chou, Hibou, Joujou", vous pourrez retrouver les photos de la soirée et de la galerie sur la page expo de notre site ici.
A très vite pour de nouvelles aventures...

jeudi 28 octobre 2010

Vers un Art Contemporain 2.0 ?

A l’heure où se clôt la grand’messe de l’art contemporain parisien (quoique le terme soit impropre : l’entrée à une messe est gratuite quand celle de la FIAC était à la modique somme de 28€), se pose la question de l’évolution de la pratique artistique contemporaine et de sa toute fraîche légitimité.
A en croire la place marginale qu’il occupe, l’art numérique reste encore sous évalué pour ne pas dire dénigré par nombre de galeries françaises qui lui préfèrent des artistes orientés vers des techniques de peinture traditionnelles, le conceptuel, la vidéo ou la photographie.
Seulement en quoi l’art numérique serait-il moins légitime que ces disciplines à la reconnaissance déjà bien établie ?
Sa nouveauté ne plaide pas en sa faveur, dans la mesure où le public initié se tourne en priorité vers la « valeur sûre » autrement dit vers la peinture ou la sculpture, tout en gardant une certaine méfiance vers un art qui peut être aisément taxé de « facile » compte tenu des possibilités offertes par les logiciels modernes. Autant vous le dire tout de suite, c’est faux : il n’y a aucune commune mesure entre supprimer les yeux rouges d’une photo et créer une œuvre de A à Z sur un écran d’ordinateur, cela suppose une connaissance parfaite de l’outil et une démarche créatrice qui n’a rien à envier aux partisans du pinceau et de la palette.
On peut également rétorquer qu’un fichier numérique est une œuvre dématérialisée, mais cet argument ne peut être considéré comme recevable de la part des défenseurs de l’art conceptuel puisque dans ce domaine, ils considèrent que l’idée en elle-même (si ça c’est pas immatériel !!) se confond avec l’œuvre.
Peut-être faut-il chercher du côté de la matérialisation de l’œuvre justement. Le « problème » avec une œuvre numérique est qu’elle soit aisément copiable. Il s’agit cependant d’une pratique courante et en aucun cas nouvelle car la reproduction a cours depuis bien longtemps en matière artistique que ça soit à partir de la gravure sur plaque de cuivre (Eau-forte), sur bois (xylographie), ou sur pierre (lithographie). Or ces pratiques ont toutes une légitimité dès lors qu’elles font l’objet d’une certaine régulation par les artistes et ceux qui diffusent leurs œuvres. La difficulté qui se pose (pas uniquement en la matière) est qu’il n’a jamais été aussi simple de faire un « copier-coller » ou un « enregistrer sous ». Il appartient alors à l’artiste de proposer des versions en basse définition comme « échantillon » de leur travail, tandis que le galeriste veille à restreindre le nombre d’exemplaire matériels de l’œuvre afin qu’elle garde son côté « hand-made ».

mardi 19 octobre 2010

Jean-Michel Basquiat au Musée d'Art Moderne de Paris

Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris consacre une rétrospective à Jean-Michel Basquiat du 15 octobre au 30 janvier 2011.

Né à New York, en 1960, d'une mère porto-ricaine et d'un père d'origine haïtienne, c'est dans la rue que Jean-Michel Basquiat s'exprime dans un premier temps. Avec l'un de ses amis Al Diaz, ils couvrent des immeubles de Lower Manhattan de graffs auxquels il ajoute la signature « SAMO© » (« same old shit »). En 1978 il quitte le lycée et vend des T-shirts et des cartes postales dans la rue pour survivre. Il obtient une première reconnaissance en 1980 en participant à une exposition collective, « The Times Square Show ». En 1981, un article du critique d’art René Ricard paru dans Artforum lance la carrière de l’artiste.
En 1983 il rencontre Andy Warhol, avec lequel il débute une collaboration fructueuse et une forte amitié. C’est aussi le moment où Basquiat sombre dans l’héroïne et montre des premiers signes de paranoïa.

Basquiat est l'un des pionniers du mouvement graff underground. Ses toiles se vendent aujourd'hui aux enchères à des prix astronomiques. Il est connu et reconnu à travers le monde pour ses œuvres à la fois profondes et percutantes. Son univers plein de couleurs et de graphisme mélange la Bible et les mythologies sacrées du vaudou. Il brûle sa vie, habité par la révolte et la mort. S'inspirant à ses débuts de ce qu'il voit dans la rue, il peint divers éléments urbains récurrents : squelettes et masques exprimant son obsession de la mort, voitures, immeubles, jeux d’enfants, pauvreté, graffitis… Il introduit ensuite dans ses œuvres plusieurs codes issus de la publicité, de la bande dessinée ou encore des signes du jazz et du rap. Puis l'artiste révèle peu à peu son intérêt pour son identité noire et son histoire. Il se lance alors dans la représentation de personnages noirs historiques ou contemporains. Il espère ainsi lancer un message et combattre toute forme de ségrégation et de discrimination.
L'ensemble de toutes ses œuvres projette toujours le même sentiment : de la violence et de la colère entremêlées d'une énergie indiscutable. Jusqu'à sa mort, Jean-Michel Basquiat n'a cessé d'évoluer dans son style.
L'ascension de Basquiat sur la scène artistique internationale est fulgurante : en 1982, il participe à la Documenta 7 de Kassel. L'année suivante il expose à la Biennale du Whitney Museum of American Art à New York.
Quand il meurt à 27 ans d'une overdose en 1988, il laisse une œuvre déjà abondante et reconnue en Europe comme aux Etats-Unis.

La rétrospective du Musée d'art moderne de la Ville de Paris sera composée d'une centaine d'œuvres (peintures, dessins, objets) reconstituant le parcours de la courte mais néanmoins prolifique carrière artistique de Jean-Michel Basquiat.
Elle est co-organisée avec la Fondation Beyeler de Bâle, qui l'a présentée du 9 mai au 5 septembre 2010.



arts.fluctuats.net, culture.france2.fr, sortirapapris.com



jeudi 14 octobre 2010

Expo inaugurale en grande pompe

Nous avons le plaisir d'annoncer au lectorat limité de ce blog, le vernissage prochain de l'expo "Chou, Hibou, Joujou", le 11 Novembre prochain à partir de 19h30. Vous y découvrirez les oeuvres de MKT4, Caroline Checcacci et Marjorie Herrero qui seront également présents.
Il aura lieu à l'adresse suivante :
Loft gallery
88 rue du Dessous des Berges
75013 Paris

Petits fours payants et collectors, les chiens et les pique-assiettes ne sont pas autorisés.

mardi 5 octobre 2010

Cinq idées reçues à propos de l'art contemporain (5/5) : l'art contemporain, c'est inutile...

...comme tout le reste, ou presque !! Certaines personnes réfractaires à l'idée d'acheter une œuvre d'art ne se privent pas d'acquérir des boules à neiges ou des boîtes à meuh comme souvenirs de vacances, quelle est l'utilité d'avoir une Rolex pour avoir l'heure quand on peut l'avoir sur une Swatch ? Ah si, si l'on s'en tient aux critères arbitraires de réussite de Jacques S., dans le premier cas vous avez réussi votre vie dans le deuxième, vous êtes un looser (Si par contre vous achetez votre première Rolex à 70 ans, c'est bien mais pas top).

Si on devait éliminer tout ce qui est inutile matériellement de nos vies, ça en ferait des choses à recycler dans la mesure où la plupart de nos dépenses sont des dépenses d'agrément. L'art en est une , acheter un tableau n'est pas moins inutile que d'acheter un Iphone quand on ne fait que téléphoner avec (pour ceux qui veulent tripoter la foufoune de Zahia sur l'écran tactile, ça présente en revanche un intérêt certain).

Une oeuvre d'art présente l'avantage d'être quasiment inusable et surtout, quand il s'agit d'une pièce unique, d'être strictement personnelle. Il s'agit là d'une démarche en marge du comportement consumériste puisque l'on achète pas de l'art pour être « in » ou « tendance ». Mais le besoin du « beau » n'est pas moins légitime - au contraire – que celui qui obéit à la seule règle de posséder le dernier cri en matière de technologie (qui d'ailleurs sera dépassé six mois plus tard !).

La décision d'acquérir une oeuvre d'art n'obéit pas à une règle universelle et rationnelle, au point qu'on dit parfois que c'est elle qui vous choisit et non l'inverse : l'Art ne s'achète pas avec la tête mais avec le coeur, et souvent les personnes réticentes qui se laissent conquérir lors de leur premier achat, se laissent tenter beaucoup plus facilement par la suite.

Le pas est d'autant plus difficile à franchir que la somme en jeu est le plus souvent importante si bien que l'art tient bien souvent la dernière place dans la liste des courses, se faisant régulièrement précéder par des dépenses tout aussi superflues. C'est ainsi que certaines personnes, pourtant avec un goût très sûr, repoussent ad vitam aeternam leur décision d'acquérir une oeuvre d'art.

mardi 21 septembre 2010

Edward Hopper, l'âme de l'Amérique

Le peintre américain (1882-1967) est en effet mis à l'honneur à La Fondation de l'Hermitage à Lausanne jusqu'au 17 octobre. Nombre de critiques d'art influents se sont depuis penchés sur son oeuvre et n'ont pu s'empêcher de la décortiquer et de l'analyser sous toutes les coutures, ne pouvant s'empêcher de gagner leur pain en extrapolant au sujet de ses toiles. L'ennui est que nombre de ces ouvrages font désormais autorité en la matière ; or d'après les termes mêmes de l'artiste : « le truc de la solitude est exagéré ». Le thème en effet a été abordé par Hopper mais de là à écrire pléthore de bouquins avec ça, il faut quand même broder un peu. La tâche est d'autant plus difficile qu'on ne peut pas prétendre pondre d'ouvrage de référence de 200 pages avec un minimum de texte en clamant juste à qui veut bien le lire qu'une œuvre est belle !! Mais le hic est qu'il y a une différence fondamentale entre proposer une interprétation personnelle des oeuvres d'un artiste (qui n'engage que le point de vue de l'auteur) et prendre cette interprétation comme étant une vérité absolue.

Bien évidemment, il est tentant pour un artiste de créer une pièce sans analyser préalablement son sens profond. On en retrouve des exemples pas uniquement en peinture mais également en musique : l'un des plus connus est le morceau I am the Walrus écrite par John Lennon. Le Beatle ayant appris qu'un professeur d'anglais analysait les paroles de morceaux des Fab Four, il décida d'en écrire une « afin de voir ce que ces connards étaient capables de trouver là dedans ». Essayez donc de trouver le sens caché de :

Yellow matter custard, dripping from a dead dog's eye.
Crabalocker fishwife, pornographic priestess,
Boy, you been a naughty girl you let your knickers down.
I am the eggman, they are the eggmen.
I am the walrus


Soit en français : Une crème jaunâtre qui goute de l'œil d'un chien mort

Le casier a crabes de la poissonnière, la prêtresse pornographique

Garçon, tu as été un mauvaise fille tu as baissé ta culotte

Je suis le porteur d'œufs, ce sont les porteurs d'œufs, je suis le morse.

jeudi 16 septembre 2010

Notre Galerie d'art en ligne est enfin fonctionelle !!

Après des mois et des mois et des mois et encore des mois, notre site (www.urban-art-avenue.fr) est arrivé à l'âge adulte, après une adolescence difficile et ingrate. Vous retrouverez ponctuellement sur ce blog notre actu ainsi que des mots-clés, genre Galerie d'art virtuelle, Galerie d'art contemporain en ligne, Galerie online d'art contemporain en ligne virtuelle (!!), vente d'art contemporain en ligne (prochainement la suite)...n'oubliez pas de cliquer dessus c'est important !!!
Désormais, les oeuvres ne sont plus officiellement exposées mais à vendre pour de vrai avec du vrai argent (pas second life quoi !!). Malgré tout, nous resterons fidèles à notre démarche, à savoir désacraliser l'art, tout en gardant à l'esprit une certaine éthique et en recherchant le respect de nos futurs clients et des artistes que nous exposons. Vous pourrez à ce titre retrouver MKT4, Marjorie Herrero et Caroline Checcacci ainsi que leurs oeuvres, du 11 au 18 novembre prochain à la Loft Gallery (vernissage le 11 à 19h30).

jeudi 9 septembre 2010

Ah que coucou !!

Ca va finir par devenir une vieille rengaine mais depuis le temps que l’art contemporain se décridibilise dans les musées hexagonaux, il faut pas venir s’étonner s’il n’a pas plus de crédit lorsqu’il est exposé en place publique. Le dernier exemple en date est une statue de l’icône nationale qu’est Johnny Hallyday. qui a été déboulonnée puis vendue aux enchères alors qu’elle trônait depuis deux ans face au centre culturel de Verneuil sur Avre en Normandie. D’abord réalisée à l’occasion d’un festival d’art naïf, elle est depuis restée sur place. Sauf que, les chers administrés se sont plaints auprès de monsieur le maire de l’incongruité de l’œuvre située entre une église du XVème et une tour médiévale...Johnny n’est plus tout frais mais quand même !!
L’organisateur du festival d’art naïf a donc dû se résoudre à la vendre aux enchères au profit de Maurice Bordier, le sculpteur. Le foin dégagé par cette pseudo polémique comme seul l’art sait générer a tout de même permis de rapporter 8200 euros à son auteur.

Au-delà du fait que ce n’est pas la première fois que la polémique et/ou la provocation font vendre indépendamment de l’œuvre en elle-même, on peut quand même se demander s’il est de bon ton de statufier des personnages contemporains. Nul doute que s’il s’était agi d’un homme politique, il y aurait eu un tsunami de protestations, du moins de la part de ses adversaires. Le fait qu’il s’agisse d’un personnage du show-biz, paraît moins dérangeant : après tout il y a longtemps que le pop art s’est attribué les icônes forgées par notre société de leur vivant. Mais il s’agit d’une statue, d’une part, exposée dans un lieu public, d’autre part, et pas vraiment créée pour s’intégrer à ce lieu en particulier. Le risque est qu’avec une statue d’un personnage public comme Johnny, on en arrive à une forme d’idolâtrie qui peut être parfois malsaine. Peut-on pour autant reprocher aux artistes de représenter des hommes ou des femmes que la société a elle-même érigés en mythes de leur vivant ? Certains vous diront qu’on touche à la liberté de création de l’artiste qui n’est pas toujours conscient ou au courant de l’utilisation qui va être faite de son œuvre a fortiori quand son choix du sujet se révèlerait assez maladroit. Ce qui est certain en revanche, c’est que l’œuvre en question a été vendue à...un fan de Johnny, et que vous verrez fleurir dans les mois qui suivront le décès de Johnny des statues de toutes tailles sur les places des villages qui rebaptiseront les rues du nom de notre rocker national.

jeudi 2 septembre 2010

Consommation de tableaux



Un blockbuster est un phénomène de société visant à « faire exploser le quartier » (littéralement) et pour être « in », il faut l'avoir vu, l'avoir adoré ou détesté et être capable de débattre de son succès. La surenchère médiatique est telle sur ces blockbusters qu'il devient impératif socialement de s'y rendre et presque aussi impératif de les apprécier.

« Blockbuster », terme généralement appliqué au cinéma, il s’impose également dans les musées : dans les années 1970, le directeur du Metropolitan Museum of Art (New York) Thomas Hoving fut l'un des premiers à faire entrer le musée dans la culture de masse, avec la création de ces grandes expositions à succès, destinées à attirer le maximum de personnes.

Aujourd'hui, près d'un tiers des Français se pressent chaque année dans ces expositions à gros budgets, ce qui en fait la deuxième sortie culturelle après le cinéma. Une fréquentation qui ne semble pas être affectée par la crise, car les adeptes des expositions blockbuster sont toujours prêts à faire la queue pendant des heures, qu’il pleuve ou qu’il vente, à débourser une dizaine d'euros puis à défiler en rangs serrés devant des œuvres qu'ils ne pourront consommer admirer qu’à la va-vite, mais parfois jusqu'au bout de la nuit - le Grand Palais a ouvert 24h/24 pour la fin de Picasso et les maîtres début 2009 -, avant de se retrouver à la dernière étape de ce parcours consumériste : l'inévitable boutique-cadeaux, temple du produit dérivé qui sert à rentabiliser la production de l'expo à coups de souvenirs souvent très kitch. A la sortie, on a l’impression d’avoir consommé des tableaux comme on avale un hamburger dans un fast food et la quantité d'œuvres prime évidemment sur la qualité de la visite.

Pour faire une expo blockbuster, il faut : un artiste tourmenté, une approche soi-disant nouvelle sur son œuvre, et l'opportunité unique de voir une réunion exceptionnelle d'œuvres dispersées dans le monde entier. Parmi les expositions d'art qui remportent les plus gros succès : l'Egypte, les impressionnistes, les artistes maudits (Van Gogh, Modigliani) ou les grandes figures de l'art moderne, ce que confirment les récents succès de Picasso et les maîtres au Grand Palais et Kandinsky au Centre Pompidou (plus de 700 000 visiteurs chacune). Le Musée de la Monnaie de Paris a affiché 150 000 visiteurs au compteur pour la rétrospective de David LaChapelle ; la Pinacothèque a totalisé 200 000 personnes pour l'exposition Valadon-Utrillo. Plus récemment, il y a eu aussi Munch ou l'anti-Cri à la Pinacothèque ou Sainte-Russie au Louvre, et à venir à la fin de cette année, Claude Monet au Grand Palais, ou Jean-Michel Basquiat au Musée d’Art Moderne, qui viendront grossir les rangs des expos blockbusters.

L’évenementialisation de l’art paraît inévitable et se constate aujourd’hui avec des expositions « d'artistes » faussement provocateurs mais véritables business men, comme Jeff Koons avec son homard à Versailles ou Damien Hirst et ses veaux et autres bestioles coupées en deux et plongées dans du formol. Selon Jerry Saltz, le célèbre critique d’art du New York Magazine, écrivant à propos des expositions de Koons à Versailles et au Met de New York en 2008, « tout cet art de foires flashy et ces installations hyper-produites et consommatrices d'espace bluffent un instant, jusqu'à ce qu'on passe au prochain événement générateur d'adrénaline », qu'il qualifie de « manières bêtes de dépenser de l'argent, séduire les ploucs, ne rien dire et mettre de côté ce qui serait plus petit, plus discret ou plus risqué ».



fluctuat.net, wikipedia.fr

vendredi 27 août 2010

No pictures, please !!!!

Troisième jambe du trépied des musées parisiens avec le Louvre et Beaubourg, le Musée d'Orsay est gangréné par la connerie. Bien qu'il abrite nombre de chefs-d'œuvre inestimables de l'art du XIXème et XXème siècles, certaines personnes haut placées ont jugé bon que les photos et vidéos y seraient désormais interdites. La raison, enfin plutôt le prétexte fallacieux, à cette mesure est « qu'il agit de protéger les toiles pouvant être endommagées par des prises de vues à bout de bras via des téléphones mobiles ». Le risque est grand en effet que l'objectif de votre appareil photo mette ses gros doigts tout gras sur les toiles. La véritable raison invoquée par de nombreux internautes et que je partage est qu'il est plus rentable de vendre des mugs kitsch avec l'autoportrait de Van Gogh ou du PQ avec les Nymphéas de Monet dessus que d'accorder aux visiteurs le droit de ramener des souvenirs gratuits et personnels.

Cette décision semble ne pas être définitive, du moins espérons le, car le Louvre qui avait tenté de mettre en place semblable interdiction en 2005, a finalement fait marche arrière...par contre les flashes y sont toujours interdits.

mardi 24 août 2010

Respect !!

Puisqu'il m'arrive de pousser trop souvent des coups de gueule contre les imposteurs de l'art contemporain, je me prends à espérer qu'il existe encore des artistes talentueux trop peu médiatisés. Je laisserai donc le soin pour cette fois ci de tenir le fonds de commerce de l'indignation à la rubrique du courrier des lecteurs de Télérama.

Il m'a rarement été donné de visiter une expo aussi bien montée que celle consacrée à Ernest Pignon Ernest à l'espace Encan de La Rochelle : pas d'argumentaire superflu autre que la parole de l'artiste, une démarche artistique se situant en dehors de l'art formaté pour musées ou foire d'art contemporain (toute allusion à la FIAC ne serait que pure coïncidence) et les œuvres AAAH, les œuvres, Ernest Pignon-Ernest a plus fait pour faire descendre l'art contemporain de son piédestal que n'importe quel commissaire d'expo, galeriste, ou ministre de la culture réunis. Il était en effet l'un des premiers artistes a concevoir la rue comme un espace d'exposition et d'expression artistique. Avec une science (c'est un cran au dessus de la technique) maniaque du dessin que l'expo met parfaitement en valeur, ses œuvres ne sont pas sans rappeler celles de Caravage mais s'inscrivant dans une thématique sociale (chômage, misère), politique (lors du jumelage de Nice, sa ville natale avec Le Cap en pleine période d'Apartheid, ou lorsqu'il travaille sur un portrait de Pablo Neruda à Santiago sous la dictature de Pinochet), religieuse (descente de croix, ainsi que sa période napolitaine) ou mythologique. Un seul regret : l'expo était trop brève (6 semaines seulement), mais quand l'art pour tous se meurt, ça fait du bien de se prendre de temps en temps une bonne dose d'oxygène...

vendredi 6 août 2010

Lettre ouverte d'un sans galerie fixe à...

Je voudrais à travers cette lettre te faire part de l’expérience artistique inoubliable à laquelle j’ai eu la chance d’être confronté le mois dernier au Musée Départemental de Beauvais, bien que confronté le mot soit faible puisqu’un choc frontal sans airbag et sans ceinture à 200 sur l’autoroute soit certainement moins brutal.
Cette lettre s’adresse à toi, ersatz d’artiste de mes deux, toi dont j’ai fort heureusement déjà oublié le nom (sois sûr que sans cette lacune je l’aurais volontiers mentionné) en espérant de tout cœur que la postérité sera frappée en ce qui te concerne de la maladie d’Alzheimer.
Lors de cette expo collective dont les têtes d’affiches s’appelaient encore une fois Boltanski et Messager auxquels j’espérais par ailleurs enfin échapper en visitant une expo non parisienne, tu as eu l’idée géniââââle, inédite, révolutionnaire, les mots me manquent, d’exposer tendus sur un banal filet une quinzaine de slips – propres, c’est la seule circonstance atténuante que l’on puisse t’accorder – aux côtés des œuvres des illustres représentants français de l’art comptant pour rien sur la scène internationale.
Tes slips immaculés sont, je le déplore encore une fois, hélas représentatifs du néant créatif de la scène artistique française (trop) visible qui se borne depuis Duchamp à la singerie pure et simple de celui qui osa LE PREMIER exposer un objet courant dans un évènement artistique d’envergure.
Face à la nullité ambiante des artistes sur-médiatisés qui ne font parler d’eux que par la controverse qu’ils suscitent (c’est d’ailleurs plus ou moins ce que je suis en train de faire), je préfère modestement exposer et vendre mes 11 « petits artistes » qui se démènent pour essayer de créer quelque chose de beau.
Sur ce, monsieur l’imposteur, je te prie de bien vouloir agréer en l’expression de ma plus profonde aversion à ton égard.


Nicolas Rousseau


PS Embrasse de ma part le ou la commissaire d’expo qui n’a pas pris la peine de justifier par un habituel bla-bla philosophico artistique ennuyeux la vacuité de ta démarche.

jeudi 29 juillet 2010

L’art du faux

Si le marché de l’art tend à dégager une image respectable auprès de ceux qui n’y regardent pas de trop près celle-ci prend de temps à autre une rafale de plomb dans l’aile. Récemment, Guy Ribes artiste de son état a été appréhendé par la maréchaussée pour contrefaçon de 150 œuvres de Matisse, Picasso, Chagall, Léger, Renoir etc. bref pas n’importe qui. L’affaire aurait pu s’arrêter là si ce n’est que le trafic impliquait une douzaine de personnes chargées d’écouler les faux. Dépourvu de fibre commerciale mais doté d’un sérieux coup de pinceau, notre génial contrefacteur croisa la route d’un marchand parisien peu scrupuleux (encore un !!) qui revendait les toiles à des prix bien en dessous de la cote des artistes. S’étalant sur près de 15 ans ce trafic juteux a rapporté aux différentes personnes impliquées (une douzaine en tout) la bagatelle de plusieurs millions d’euros.
Seulement voilà, notre artiste semble avoir été lui aussi victime de manipulation de la part de ses commanditaires qui ne le payaient pas systématiquement ou très peu compte tenu des prix des œuvres. Résultat des courses, une vingtaine de victimes s'étaient portées parties civiles et certaines d'entre elles auraient déboursé jusqu'à 2 millions de francs (300.000 euros) pour acquérir des toiles qu'elles croyaient authentiques...ben oui, puisque elles étaient délivrées avec des certificats d’authenticité (quitte à faire les choses bien). Si la pratique de prendre les clients pour des buses est une maladie assez répandue chez les galeristes, la volonté de certaines personnes de posséder « un nom » tend parfois à céder aux sirènes de personnes qui jouent sur la célébrité du nom pour écouler leur marchandise. Cela n’est en rien gage d’authenticité (déjà à l’école, on apprend à ne pas copier sur les mauvais élèves), preuve en est faite, ni d’ailleurs de qualité quand bien même l’œuvre serait authentique : même Picasso ou Renoir ont fait des croûtes après tout...mais des croûtes chères.
Revenons à nos moutons, notre artiste, par ailleurs très doué puisque selon les termes de l’expert : « si Picasso était encore vivant, il l’embaucherait », a été condamné à trois ans d’emprisonnement dont deux avec sursis, l’auteur des faux certificats d’authenticité a 4 ans dont trois avec sursis et les autres membres du réseau à des peines légèrement inférieures à celles requises par le ministère public. Avis à ceux qui voudraient leur rendre visite au parloir, vous pourrez leur apporter des oranges, c’est bon et ça peut faire très joli en nature morte.

lundi 26 juillet 2010

Regrets éternels

Puisque je rentre de vacances et que mon humeur est encore momentanément au beau presque fixe, je voudrais laisser choir mon habituelle indignation pour me réjouir et enfin faire part d’une expérience institutionnelle positive en la personne de Joe Downing, enfin plutôt de ses œuvres puisque la logique des musées français qui est d’exposer des artistes qui soient soit morts, soit nuls est ici respectée dans la mesure où il est décédé en 2007.
J’ai trouvé en cet artiste, pourtant relégué au sous-sol du Musée Unterlinden de Colmar, enfin une démarche esthétique à travers sa touche fragmentée, colorée et kaléidoscopique. La difficulté était d’autant plus grande qu’il s’agit d’œuvres abstraites, genre pourtant visité et revisité plus souvent que Zahia ne l’a été par les joueurs de l’équipe de France (pardon je m’égare).
Sans doute bénéficiait-il d’une reconnaissance déjà bien établie (il est sur Wikipedia !) et je déplore encore une fois qu’il ait fallu qu’il passe l’arme à gauche pour découvrir son travail mais la conviction de croire encore en ce qu’il y a de beau renaît heureusement de temps en temps grâce à des artistes décédés. C’est triste et bien dommage et il s’agit ni plus ni moins que d’une lacune de ma part dans ma connaissance de l’art contemporain mais si on nous montrait moins de Boltanski et plus d’artistes de la trempe de Downing, l’art contemporain jouirait d’une meilleure crédibilité auprès des non-initiés et même de certains professionnels.

jeudi 17 juin 2010

Reproductions en série illimitée...

Profane en matière d’art contemporain, prends garde ! Si le fait d’acquérir une œuvre tirée en un nombre limité d’exemplaires peut paraître un bon moyen de se faire plaisir en sortant des sentiers battus de la déco Ikea, il faut savoir que nombre de marchands proposent à la vente des éditions soi-disant limitées (faut voir le nombre d’exemplaires : 200, 300, 500 voire 1000 !!). Ce qu’ils ne disent pas c’est que la limitation des tirages ne vaut que pour un format donné : une fois leurs 500 exemplaires écoulés rien ne les empêche (ils ne s’en privent pas d’ailleurs) de refaire 500 exemplaires dans un format différent. Cette pratique s’étend chez certains marchands peu scrupuleux (avec d’ailleurs la complicité de certains artistes) qui vendent des bronzes originaux en 12 exemplaires et une fois ceux-ci écoulés, font faire des agrandissements par le fondeur afin d’en proposer 12 autres exemplaires « originaux » pour répondre à la demande.
Si cette pratique reste malgré tout marginale (du moins j’ose encore l’espérer), elle existe et outre à prendre les gens qui achètent à des prix à 4 zéros pour des abrutis, met à bas la belle image clinquante et respectable du marché de l'art...Bien sûr, Dali dont la fibre commerciale était assez poussée savait que sa seule signature conférait une valeur à n’importe quelle page blanche. Chose qu’il ne s’est pas privé de faire, laissant toute latitude à l’imprimeur sur le nombre d’exemplaires et sur l’image à reproduire. Cela n’enlève rien à son talent mais ternit quand même l’image d’un artiste prêt à tout pour vendre ses œuvres.

jeudi 3 juin 2010

A la mémoire de l’artiste inconnu

On ne m’enlèvera pas de l’idée qu’il existe quelque part un(e) artiste dont le travail n’est pas (re)connu et qu’on découvrira seulement dans quelques décennies. Au même titre que les œuvres de Vermeer ont commencé à faire l’objet d’articles dans la presse artistique (il est vrai peu diffusée en 1866) près de deux cents ans après sa mort, et furent exposées au public dans le cadre d’une exposition personnelle en 1935 seulement, pourquoi le marché de l’art, avec son cynisme habituel a-t-il attendu si longtemps avant de le consacrer au Panthéon des artistes trop tard reconnus ? Si encore, Vermeer était le seul...Combien d’œuvres présentées dans nos musées ont été acquises du vivant du peintre ? Je ne parle pas des œuvres offertes gracieusement aux musées par les galeries et collectionneurs pour faire grimper artificiellement la cote de leurs protégés et qui finiront dans les réserves faute de place en attendant qu’il passe l’arme à gauche mais de celles acquises en dehors de tout copinage et de relation intéressée.

Bien sûr, au XVIIème siècle pour faire connaître son travail, c’était beaucoup plus compliqué qu’à l’époque du tout numérique et d’Internet. Les différentes plates-formes présentes sur le net permettent à tout artiste débutant ou confirmé de faire connaître son travail là où Vermeer était quasiment inconnu à l’extérieur de Delft. Bien sûr, la variété de « l’offre artistique » rend la démarche plus difficile pour le dénicheur de talent qui doit passer par une phase de sélection pointue obligatoire. D’autre part, le cas de Vermeer est un peu particulier dans le sens où le maître de Delft serait l’auteur de seulement 45 œuvres, dont 35 ont encore été conservées. Sa faible production n’a certes pas aidé à regrouper ses œuvres pour monter une expo…mais sa rareté fait aussi partie de son mythe.

mercredi 26 mai 2010

Au voleur !!!!


Si vous suivez de près l’actualité artistique, le vol de 5 toiles de Modigliani, Braque, Picasso, Léger et Matisse, ne vous a certainement pas échappé. Le lendemain du larcin (estimé tout de même a 500 millions d’euros), l’adjoint à la culture, Christophe Girard parlait de vol d’une « sophistication extrême », avant que l’on apprenne que le voleur avait simplement cassé une vitre et brisé un cadenas…non vous ne rêvez pas une cisaille et un cutter sont des objets hautement sophistiqués, fruits du dernier cri de la technologie qui feraient passer l’IPad pour une charrue à soc.

Au-delà, des défaillances du système de sécurité, on ne peut s’empêcher de pointer du doigt l’assurance des conservateurs qui partent du principe que même si certaines des toiles exposées seraient dérobées, elles seraient de toute façon invendables. Ce qui est vrai puisque les toiles volées ne sont pas des œuvres de petits maîtres, et sont désormais identifiées et répertoriées sur un fichier mis en place par Interpol en 2009 qui recense 34000 œuvres dérobées à travers le monde.

Le hic est qu’il ne s’agit pas d’une première, les exemples sont nombreux : un Magritte volé en plein jour à Bruxelles en septembre 2009, un carnet de dessins au musée Picasso à Paris en juin de la même année et plus récemment un pastel de Degas à Marseille en janvier dernier et j’en passe. Ceci est assez symptomatique des manquements en matière de sécurité de la part des musées européens. Sont-ils pour autant les seuls responsables ? Dans le cas du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, il semblerait que le système de sécurité ait été hors service depuis Mars, tuyau intéressant pour une personne mal intentionnée…De plus, par manque de moyens la plupart des Musées publics doivent faire appel à des sociétés de surveillance privées dont l’absentéisme et le laxisme sont pointés du doigt par les musées en question prompts à chercher un responsable ailleurs que dans leurs murs.

D’ici là, y a plus qu’à attendre le montant de la rançon, sûrement faramineux…autant vous dire que si vous voulez revoir ces œuvres un jour accrochées aux cimaises du MAM, va bien falloir que quelqu’un se dévoue pour mettre quelques euros dans le nourrain…d’ailleurs nous allons passer parmi vous.

lundi 17 mai 2010

Pourquoi tant de haine ?

Si vous avez une âme de théoricien de l'art, je vous recommande le bouquin de Jean-Louis Harouel, La Grande FalsificationL'art contemporain, Ed Jean-Cyrille Godefroy que je viens de terminer récemment. Outre le fait qu'il rejoint plus ou moins en des termes plus philosophiques voire abscons le propos de ce modeste blog, sa vision est juste bien que parfois un peu trop tranchée.
Il situe la dérive de l'art à l'apparition de la photographie, coupable d'après lui d'avoir volé le monopole de la représentation dont bénéficiaient les artistes depuis toujours.
Dans le viseur également: les intégristes de l'art contemporain qui vouent une adoration aveugle à tout ce qui est exposé au Centre Pompidou ou au Palais de Tokyo ne laissent aucune place à ceux et celles qui font de l'art sans espoir d'accéder à une quelconque reconnaissance de la part des institutions. Il dénonce à juste titre les dévots (entendez par là ceux qui sacralisent l'artiste et l'art contemporain) dépourvus de sens critique participant à cette vaste supercherie. « L'art laisse la place à l'enflure du petit moi du soi-disant artiste, tout empli de la croyance en son prétendu génie », génie alimenté par lesdits dévots ainsi que par son propre narcissisme. Certes, Duchamp (mais si vous savez le planqué de la guerre de 14 qui préféra exposer une pissotière à New York plutôt que d'aller charcuter du Teuton dans la boue des tranchées) et Dada sont responsables de cette petite mort mais pas autant que ceux qui les encensent et les exposent.
Ce qui en revanche pose problème dans cet essai d'Harouel, est le fondement sur lequel il se base pour décréter qu'une œuvre est bien ou mal peinte, ou qu'un artiste est bon ou mauvais. La notion d'œuvre d'art pour lui semble s'arrêter au pré-impressionnisme voire en extrême limite à Picabia (exception faite de Lucian Freud) d'après des critères qui lui sont propres en éludant toute définition.
L'analyse d'Harouel est dure, fervent partisan du « c'était mieux avant », soutenant que la mission de l'artiste doit se limiter à « représenter le visible ». Au final, il dénonce les dogmes de l'art contemporain pour imposer les siens, les notions de bon et de vrai artiste et leurs opposés sont une constante dans cet essai qui vaut cependant la peine d'être lu par tout professionnel ou amateur éclairé de l'art au sens large.

mercredi 12 mai 2010

Quand je pense à Fernando...

Si vous avez acheté le hors série annuel du Figaro consacré au marché de l'art édité en partenariat avec Beaux Arts magazine, vous pourrez avoir un aperçu des grandes tendances du marché de l'art de l'année écoulée. Bien entendu, il s'agit du Figaro : ce hors-série s'adresse non pas à l'amateur démuni mais davantage au collectionneur averti et très muni. On peut ainsi découvrir les (ouvrez les guillemets avec des gants blancs svp) : « occasions à saisir », au rang desquelles figure une toile de Fernando Botero, Fille de Cirque, bradée à 280000 euros...c'est vrai qu'au prix d'un studio à Saint Germain des Prés ou d'une villa de 250 m² dans le Larzac, on peut s'acheter un Botero. A ce tarif là, il faudrait vraiment être le dernier des abrutis pour passer à côté d'une telle affaire, au prix de 23 années de salaire d'un smicard, vous pouvez même mettre votre Ferrari au clou les yeux fermés.

Le pire est que cet encart tombera probablement entre les mains d'un collectionneur, ou plutôt d'un spéculateur qui déléguera à son expert* ou à sa décoratrice d'intérieur le soin d'acquérir l'oeuvre.

Pour ceux qui se risqueraient à spéculer sur l'art, le hors-série du Figaro est trompeur, pour 99.9% des personnes qui acquièrent une oeuvre d'art quel que soit son prix, la motivation première est le plaisir esthétique.

Evidemment, si le Figaro ne parlait pas de pognon, il perdrait sa raison de vivre, mais la notion d'occasion à saisir a quelque chose de dérangeant. Le marché de l'art n'est pas celui de l'immobilier, le spéculateur ou plutôt l'expert du spéculateur y fait certes aussi la pluie et le beau temps du moins en ce qui concerne la cote des artistes (hélas), mais en revanche la spéculation n'est qu'une infime partie du marché réservée a quelques happy few finalement bien mal conseillés, puisque s'il est un domaine volatile et aléatoire en matière d'investissement c'est bien l'art contemporain.

* le titre d'expert en art en France n'est réglementé par aucune loi ni conditionné par aucun diplôme, dès lors n'importe qui peut apposer une plaque à côté de sa porte en s'autoproclamant expert en art contemporain, en montres, en étiquettes de camembert, ou en porte-clés.

jeudi 22 avril 2010

No Mickey Day !!

Je ne sais pas si c’est une tendance, ou une mode visuelle de l’art contemporain de s’approprier les personnages de Walt Disney pour les représenter encore et encore et toujours sur les toiles, mais la bande à Mickey (2d) qui inclus donc l’intéressé, Minnie, Picsou, Dingo, Riri, Fifi, Loulou et Donald squatte allégrement les toiles d’artistes contemporains qui ont passé trop de temps à Eurodisney...La sur-représentation frise désormais l’indigestion de souris et de canard, au même titre que celles de Marilyn et de soupe Campbell. Puisqu’il est fréquent de s’indigner de tout et de n’importe quoi, nous souhaiterions mettre en place un jour férié (chômé bien sûr !!) sans image de Mickey & co, ce qui revient à fermer les galeries promotrices d’artistes qui usent et abusent de l’image de la petite souris créée par papa Walt, mais aussi à suspendre les programmes de Disney Channel, et surtout à fermer l’usine à fabriquer de la joie enfantine de Marne la Vallée...
Si on profitait de ce jour pour suspendre les expositions de pots de fleurs sur les nappes à carreaux, les natures mortes aux harengs (même frais), les bateaux échoués à marée basse, et les paysages de Provence avec un champ de lavande, bon nombre d’artistes seraient en panne d’inspiration...au fait ça vaut aussi pour les sardines sur les nappes à fleurs...je vous parle même pas de Mickey sur une plage de Bretagne ou dans un champ de lavande...trop c’est trop !! Si le pop-art (Warhol en tête) s’est approprié des images de culture populaire, pas mal d’artistes d’aujourd’hui nous abreuvent d’icônes vues et revues en boucle. Est-ce encore possible de faire de l’art sans y intégrer une image de pub, de carte postale, ou d’Epinal ? La chasse à la souris, au canard, et au hareng est ouverte...

mardi 20 avril 2010

L’art animal...(extrait d’un article de Marianne n°673, du 22-26 mars)


Sita, une femelle orang-outan tellement absorbée par ses dessins en oubliait ses devoirs de reproduction et souvent de manger. Elle est décédée des suites d’une grave maladie et ses compères (disciples ?) du zoo de Krefeld, en Allemagne poursuivent son œuvre. A la demande générale, ils ont poussé leur vétérinaire qui leur fournit des cartons et des toiles qu’ils posent sur leurs têtes en mordant leurs feutres lorsqu’ils sont en panne d’inspiration. Les primates exécutent des tableaux qui s’arrachent jusqu’à 300€ pièce et le produit des ventes sert à aménager un grand espace pour accueillir des gorilles.

lundi 12 avril 2010

Cinq idées reçues à propos de l’art contemporain (4/5) : L’art contemporain on peut le faire soi-même

N’en déplaise à ses détracteurs, l’art contemporain n’est pas un passe-temps auquel vous pouvez vous consacrer entre midi et deux...enfin si, vous pouvez, mais de là à l’exposer et à en vivre il y a un monde. Pour ceux qui pensent que l’abstrait est à la portée de n’importe qui et que Picasso peignait comme un enfant de dix ans, l’art contemporain est une vaste supercherie, à les entendre, ils seraient capables de pondre des chefs d’œuvre à l’identique.En dehors du fait que copier c’est pas bien vu qu’on l’a (paraît-il) appris à l’école, ces grandes bouches, pour peu qu’on leur propose un châssis, des couleurs et des pinceaux se ravisent en général assez vite. Non, on ne s’improvise pas artiste du jour au lendemain et pour ceux qui se risqueraient à barbouiller dans le goût de... ; entre accrocher le résultat de votre fanfaronnade au dessus du buffet du salon et confronter votre croûte au regard du public dans une exposition personnelle ou collective, il y a un monde. Car, c’est bien de ça qu’il s’agit, le fait d’oser, l’outrecuidance, et là, la plupart du temps chez nos pseudos artistes, y a plus personne.
Si l'art contemporain tombe parfois dans le canular pur et simple, ce n'est que par les démarches d'artistes suiveurs lointains de M.Duchamp et qui se sont taillés un créneau porteur : le détournement d'objets du quotidien dont "l'artiste" n'est pas le créateur mais que son statut d'artiste l'autorise à dénommer "oeuvre d'art".
Revenons à nos artistes en herbe : ce n'est pas la peine de s'inscrire dans la même démarche que ces farceurs en venant grossir les rangs des artistes auto-proclamés. En vous inspirant de ces imposteurs, et quand bien même vous auriez réussi à franchir l'étape de la conception (en général, il y en a une, même très minime), la démarche n’aurait plus rien de personnel...
Autant vous ne vous privez pas de collectionner les dessins de vos rejetons, abstenez vous de vous essayer au ripolinage juste pour vous prouver à vous même qu'un artiste jusque là ignoré - à juste titre - sommeillait en vous.

jeudi 8 avril 2010

Lucian Freud au Centre Pompidou (10 mars - 19 juillet 2010)


Lucian Freud
, âgé de 88 ans, n’est autre que le petit-fils du célèbre Sigmund Freud. Il naît à Berlin en 1922. Sa famille émigre en Grande-Bretagne dès 1933 pour échapper au nazisme. Sa première exposition a lieu en 1944 à la Lefevre Gallery, où Lucian Freud expose une toile désormais célèbre, The Painter's Room, où la juxtaposition incongrue de plantes et de personnages est représentative de sa période « surréaliste ».
En mai 2008, la toile Benefits Supervisor Sleeping de 1995 est vendue chez Christie's à New York pour plus de 33 millions de dollars (environ 23 millions d'euros), somme record pour la vente d'une œuvre peinte par un artiste vivant.

Le Centre Pompidou ne prend pas trop de risques, une fois de plus, dans sa programmation…entre Pierre Soulages et Lucian Freud, respectivement 90 et 88 ans, le temple de l'art contemporain consacre sa programmation à des petits jeunes !! Si le terme « rétrospective » a déjà une odeur de sapin, on peut s’interroger sur le manque d’audace des commissaires d’exposition et sur la politique de promotion d’artistes étatique.
Malgré tout, l’exposition présente un ensemble très complet de tableaux retraçant son œuvre : une cinquantaine de peintures en grand format, complétées par une sélection d'œuvres graphiques, ainsi que des photographies de l'atelier londonien de l'artiste.
Le thème de l’exposition est l'atelier de l’artiste, ce lieu intime qui fonde la peinture et la pratique de Lucian Freud. La singularité de son travail réside principalement dans le traitement minutieux du portrait et du nu. Le modèle est observé dans l’intimité de l'atelier. Lucian Freud ne commence à peindre des portraits qu’à partir des années 1950, la plupart du temps des nus. Il commence alors à employer une pâte plus épaisse et des couleurs de terre, dans une manière proche de celle de Rembrandt. Lucian Freud ne peint que ce qu'il place au sein de cet espace clos : il y installe ses modèles selon des mises en scène précises. Son hyperréalisme est accentué par la pose non apprêtée des modèles, simplement jetés là sur leur siège ou à même le sol. Il met en jeu le mobilier et les rares objets de l'atelier, accessoires récurrents des compositions : plante verte, canapé crevé, fauteuil usé, lit en fer, lavabo, murs maculés de peinture. L'artiste choisit ses modèles parmi ses amis, les membres de sa famille ou ses amis peintres.
Le thème de l'atelier porte en lui la métaphore de la peinture : le huis-clos entre le peintre et son modèle (depuis Rembrandt en passant par Courbet et Picasso), l'espace de la peinture – représentation du réel, processus de création -, la figure de l'artiste – autoportraits et relecture des maîtres.

Source : centrepompidou.fr

mercredi 7 avril 2010

Le bide du 104

Non, ça n'est pas un poisson d'avril... En pleine crise existentielle, le 104 va bientôt se retrouver sans tête, son duo initial de directeurs Robert Cantarella et Frédéric Fisbach ont annoncé leur décision de ne pas renouveler leur mandat, arrivé à terme en mars 2010.
Ceci suite à la décision de la Mairie de ne pas augmenter sa subvention de 8 millions €, sur un budget de fonctionnement de 12 millions. R. Cantarella et F. Fisbach réclamaient quant à eux une augmentation de 2 millions € de cette subvention, notamment pour alimenter les résidences d'artistes.
Une demande légitime mais assez irréaliste, quand on sait que le 104 affiche aujourd'hui un déficit qui oscille entre 560 000 et 800 000 €, selon les sources. « Sans cet argent, nous ne voyons pas comment poursuivre, indique Constance de Corbières, secrétaire générale, qui égrène des sommes dévorées par ces 39 000 m2 : 600 000 € pour les fluides (électricité, eau et chauffage), 800 000 € pour le ménage (!), 1,8 million € pour la sécurité… contre un million d’euros pour le projet artistique.».
Beaucoup de problèmes se sont posés au 104, notamment son manque d'ouverture et d'implantation dans le quartier. Le dépassement de budget a contribué aux difficultés, mais c’est aussi le projet artistique du 104 que la Mairie vient de désavouer. Les deux directeurs l’avaient pensé comme un « anti-musée », hébergeant des artistes en résidence, faisant dialoguer les disciplines et partageant l’art en direct au public. Une belle idée qui a su séduire les artistes mais qui n’a pas atteint l’audience espérée. Faute de médiation culturelle, le 104 est devenu hermétique. Privé de collections permanentes et d’une programmation étoffée, le 104 est souvent vide, en effet, la fréquentation n'est pas aussi bonne que souhaitée, car on sait que ce sont toujours les mêmes bobos, qui vont au théâtre, ou au Centre Pompidou, ou voir une performance au 104... Quant au souhait de faire des anciennes Pompes funèbres de la Ville de Paris un foyer de mixité sociale, la belle idée est restée au placard, car ayant investi 100 millions € dans la rénovation des bâtiments, la Mairie veut maintenant valoriser cet espace censé être le phare de sa politique culturelle.
Un appel à candidatures a été lancé pour désigner la nouvelle direction. En attendant, l'occupation du 104 a commencé ce jeudi 1er avril à 10h...

Source : fluctuat.net, la croix.com

vendredi 26 mars 2010

Le street art à 5000€, est-ce encore du street art ? 2/2

Les élus en question ne sont pas nés de la dernière pluie. Ces artistes qui ont la primeur des maisons de ventes prestigieuses sont souvent des post-jeunes ou des pré-seniors qui ont entre 45 et 60 ans. Misstic qu'on ne présente plus a enfin accédé à la reconnaissance et on oublie qu'elle a 53 ans...
Bien évidemment, ce n'est que l'arbre qui cache la forêt. La plupart des artistes contemporains quel que soit leur âge vivent souvent mal de leur art et la relève doit bien souvent passer par des jobs alimentaires pour pouvoir l'exercer. Le fait que ces artistes aient démarré en peignant dans les rues (et non en s'enfermant dans les galeries) les a rendus visuellement accessibles au passant qui y prête un peu d'attention. Celà a beaucoup fait pour leur renommée, tout en restant en dehors des circuits conventionnels du marché de l'art. La renommée rime bien sûr avec le montant des oeuvres et justifie souvent des prix élevés voire excessifs, cependant on ne peut leur reprocher de vouloir vivre correctement de leur art.
Il existe aussi un lien entre la quantité d'oeuvres crées et le prix de celles-ci, en effet, Warhol pouvait se permettre de vendre certaines oeuvres moins chères quand elles étaient fabriquées à la chaîne. Pour ceux qui se sont battus durant de longues années pour accéder à la reconnaissance en produisant peu, les prix de leurs oeuvres entretiennent la demande et les attentes des acheteurs. Du fait de leur caractère plutôt unique ou rare, ces oeuvres sont souvent moins soumises aux aléas de la mode et leur prix restent sensiblement les mêmes.
Pour ceux qui pensent que la place du street-art est dans la rue uniquement, on ne peut leur tenir rigueur de vouloir s'exposer gratuitement et au plus grand nombre, en perpétuant "l'essence" du street-art, ils font beaucoup plus pour sa diffusion et sa popularité que des maisons de ventes ou des galeries qui "découvrent" des artistes de 50 balais...

vendredi 19 mars 2010

Quand la politique censure des artistes...

Quatre mots qui dérangent : travailler, gagner, plus, moins. L’installation de l’artiste chinoise Siu Lan Ko a été démontée quelques heures après leur affichage sur la façade de l’École des Beaux-Arts, quai Malaquais. « Censure politique », dénonce l’artiste.« Un week-end de sept jours », une exposition collective à la connotation délibérément utopique, devait présenter du 13 au 21 février des œuvres d’étudiants du Royal College of Art de Londres, et de Lasalle College of the Arts de Singapour. Siu Lan Ko, qui connaît bien les Beaux-Arts de Paris pour y avoir passé deux ans en résidence, avait imaginé deux bannières réversibles de 7 mètres de haut sur 1,2 m de large, visibles depuis les quais de la Seine et incluant simplement quatre mots. Selon le chemin que l’on empruntait, on pouvait lire les mots ci-dessous.
Gagner Plus, Travailler Moins
Travailler Plus, Gagner Moins
Travailler Moins, Gagner Moins
Travailler Plus, Gagner Plus
Plus Gagner, Plus Travailler
Moins Gagner, Plus Travailler
Moins Travailler, Moins Gagner
Plus Travailler, Plus Gagner
Plus Gagner, Moins Travailler
Plus Travailler, Moins Gagner


Si on peut se questionner sur le côté artistique de la démarche, on peut en revanche difficilement comprendre en quoi elle suscite la réprobation de l’école des Beaux arts au point de faire décrocher les banderoles...difficile de croire à un côté subversif étant donné que la formule chère à notre président est déclinée sous différentes formes positives ou négatives. La politique est un sujet sensible et le monde de l’art ne manque pas d’artistes autrement plus engagés qui ne sont heureusement pourtant pas censurés. Si ces deux composants de nos vies que sont le travail et l'argent ne peuvent être abordés par les artistes contemporains sous prétexte que leus oeuvres déplaisent à la classe politique avec la complicité de l'école des Beaux Arts, la liberté de création risque d'avoir du plomb dans l'aile dans les anneés qui viennent...

jeudi 18 mars 2010

L’Art de prendre les gens pour des buses...

Pour l’amateur francilien de Munch, une expo lui est en ce moment consacrée. La Pinacothèque a voulu présenter son oeuvre, au-delà de cette toile qu'elle ne considère pas représentative, en exposant essentiellement des oeuvres issues de collections privées. « Le cri » est à Munch ce que la Joconde est à Leonard de Vinci : une œuvre centrale et incontournable. Tellement incontournable que la Pinacothèque a jugé bon à l’en croire de ne pas chercher à l’exposer. Au-delà de la démarche – louable – de ne pas réduire l’œuvre de Munch (prononcez « Monk » si vous voulez passer pour un norvégianophone...c’est très chic et ça permet de briller pendant les vernissages où on s’emmerde) à cette toile, l’origine de cette expo se trouve dans le fait que deux des toiles exposées à Oslo (il en existe 4 versions) ont été volées ces quinze dernières années (1994 et 2004). Après une demande de rançon, une attaque à main armée et deux descentes de police, les deux toiles ont été retrouvées et ont réintégré leurs musées respectifs.
Depuis, les conservateurs norvégiens se montrent quelque peu réticents, c’est le moins que l’on puisse dire, à prêter leurs toiles aux expos consacrées à Munch à l’étranger. «Ce n'est pas une exposition par défaut, assure Dieter Buchhart, commissaire de cet «Anti-Cri»...ben voyons. On sait tous que s’ils avaient eu la possibilité d’exposer « le Cri », les ventes de billets et de catalogues d’expos auraient été tout autres...Décidément les commissaires d’expos trouvent toujours les moyens de vous faire payer...
Quelques idées d’expos : « le cubisme » sans les « Demoiselles d’Avignon », « l’Anti-Joconde chez Leonard sans Mona Lisa», « Picasso et les Ménines » sans la célébrissime toile de Velasquez (vécu). Autant vous dire que si vous voulez des points de comparaison, va falloir aller faire un tour chez les Vikings...

mercredi 10 mars 2010

Le street art à 5000€ : est-ce encore du street-art ? 1/2

Depuis quelques années, le street-art est passé du statut d'art "délinquant" (pour ses détracteurs) à celui de branché. En témoignent, les expos de la fondation Cartier ("Né dans la rue"), du Grand Palais ("Tag au Grand Palais") et les ventes publiques organisées par Artcurial, Millon et associés, et Cornette de Saint-CyrDrouot-Montaigne !)...des monuments du marché de l'art en France. Bien sûr, contrairement à la grande distribution quand les "gros" s'emparent de ce mouvement les prix ne vont pas s'effondrer bien au contraire.
Doit-on se réjouir de cette légitimité nouvelle ou la regretter ? Concernant les artistes présents sur la scène street depuis des années (JonOne, Speedy Graphito, Jef Aerosol...) qui ont acquis une certaines reconnaissance, ce n'est pas en graffant sur les murs de nos villes que ça fait bouffer son homme. Or l'essence même du street-art est comme son nom l'indique de faire de la rue une vaste galerie où l'art devient accessible à tous et gratuit. Y a pas comme un paradoxe ? Business is business...
Malgré tout, les estimations des œuvres de ces artistes restent encore raisonnables pour le moment. Tout étant relatif, même des grands formats (200x150cm) peuvent encore s'acquérir aux alentours de 2000€. Achetez maintenant demain ce sera plus cher...
Pour le profane comme pour l'amateur, le prix affiché en matière d'art est assez obscur, il ne peut se résumer comme un bien de consommation courante au coût de fabrication et à la marge de la galerie. Certains artistes acquièrent une reconnaissance si leurs oeuvres font partie de grandes collections privées, de musées ou simplement représentées par des galeries prestigieuses. Mais là encore, beaucoup d'appelés et peu d'élus...

jeudi 4 mars 2010

Petit retour à Drouot

A la suite des divers vols et recels pratiqués par les commissionnaires de l'hôtel Drouot (Cf. Post du 28/01), la direction de l'hôtel des ventes à décidé de procéder à un grand nettoyage : le monopole détenu par les Savoyards concerant le transport, la manutention et le magasinage des lots depuis Napoléon III est tombé. Le discrédit jeté sur la salle des ventes parisiennes suite à cette affaire à poussé la direction de l'hôtel des ventes à agir, désormais les commissionnaires devront partager leurs missions avec des prestataires extérieurs agrées par Drouot.

mardi 2 mars 2010

Cinq idées reçues à propos de l’art contemporain (3/5) : l’art contemporain, c’est incompréhensible



Pour celui ou celle qui n’a jamais mis les pieds dans une exposition d’art contemporain et qui découvre une œuvre de Damien Hirst ou Jeff Koons (les deux artistes vivants les plus chers), la visite peut s’avérer un peu déroutante, entre la demi-vache plongée dans du formol et le homard géant suspendu dans la chambre du roi à Versailles, il faut bien « quelques explications ».
Mais qu’est-ce qui fait de ces installations des œuvres d’art au fond ? N’est-ce pas tout simplement le côté provoc’ et incongru de leur espace d’exposition, ou les riches et célèbres mécènes qui financent ces projets bling-bling. Concernant Koons, son droit d’entrée à Versailles n’a rien d’un hasard : l’ancien ministre de la culture et aujourd’hui président du château de Versailles est un proche de François Pinault, lui-même admirateur et collectionneur de Koons, c’est pratique les relations... Un homard dans la chambre royale c’est au mieux amusant, mais ça n’a aucun sens ni aucun rapport avec le lieu d’exposition... est-il seulement nécessaire d’apporter un début d’explication ?
Le débat enflammé qui en résulte amène davantage de visiteurs que les œuvres elles-mêmes (Cf. Koons, Boltanski pour ne citer qu’eux). L’incompréhension suscitée par ces expositions est entretenue par les professionnels qui gravitent autour de ces artistes, commissaires d’exposition, critiques d’art, qui propagent la bonne parole et entretiennent le dogme : l’art contemporain c’est beau, c’est bien, point.
Bien sûr, ces pontes pour la plupart sûrs de leur jugement ne laissent aucune place au doute ou à la controverse concernant la nature artistique des pièces exposées, préférant laisser les visiteurs dans une frustration confuse.
Et pour finir cet article, un petit exemple probant : « Long a façonné son image sur les idées de « dissémination » et de « parcours », concevant l’œuvre d’art comme une prise de possession d’un espace existentiel grâce au modèle géométrique de la rationalité. »
Guide de l’art, Solar.

100 euros à celui qui nous aidera à comprendre !!!

mercredi 24 février 2010

Zoom sur…deux artistes bisontines

Caroline Checcacci et Emilie Muzy sont deux jeunes artistes qui ont accepté de travailler avec nous et de se lancer dans l’aventure du projet.
Nous allons vous faire découvrir leurs univers poétiques et atypiques sur le site très bientôt, mais voici en avant-goût sur le blog ce qui vous attend chez nos deux bisontines.

Caroline créé son propre univers à travers la broderie : poésie, douceur, originalité, sensibilité, légèreté, intimité, sont les quelques mots qui me paraissent refléter le mieux son travail. Elle transmet grâce au fil et à la photographie des émotions simples et directes qui nous ont vraiment séduites. Ses œuvres sont pleines de charme et de caractère, vous allez a-do-rer !!!

Emilie a plusieurs influences qui marquent particulièrement son travail dont le célèbre Hopper. C’est donc sans surprise que la réflexion et la recherche esthétique sont au cœur de sa peinture. Ses sujets souvent malicieux, espiègles, le traitement de la couleur et la vivacité du trait, donnent beaucoup de force à son travail. Tout comme chez Caroline, le thème de l’intime est très présent dans ses peintures. Emilie a une grande maitrise de son art et nous sommes heureux de vous faire découvrir cette jeune artiste pleine de talent.

Voici donc deux artistes accomplies dont l’avenir s’annonce prometteur ; c’est une belle découverte et une sympathique rencontre humaine, que nous sommes contents de vous faire partager !


dimanche 21 février 2010

Zoom sur…Guillaume Ponsin

Quand nous avons parlé de notre projet à Guillaume Ponsin, nous recherchions un artiste d’expérience pour amener un regard impertinent sur les mille lieux du marché de l’art qu’il a cotoyé. Sur ce blog qui est le prolongement de notre futur site-galerie, nous présenterons régulièrement son regard sur l’actualité artistique ou sur l’actualité tout court.
Au cours de ses trente ans de carrière, Guillaume a exposé, peint, aimé (ou pas), sculpté, rêvé, observé tant d’œuvres que la candeur de son regard étonne.
Sa série, « doit-on rire de l’art contemporain ? » sera le fil rouge de ce blog à partir de la semaine prochaine. Face au milieu de l’art contemporain – kof, kof -, si peu enclin à se moquer de lui-même – prout, prout - et porté par les copinages – bling, bling – les individus de sa trempe et de son naturel se font trop rares. En effet, non seulement on peut mais on doit rire de l’art contemporain parce qu’il est risible pour celui qui n’y connaît rien mais aussi pour celui qui le connaît un tant soit peu.

Vous pouvez retrouver son blog perso et découvrir son travail (en particulier ses Machines à foutre le camp) à cette adresse : http://badillon.skyrock.com/

lundi 15 février 2010

Cinq idées reçues à propos de l’art contemporain (2/5) : l’art contemporain, c’est moche




D’abord, on ne dit pas : « c’est moche », on dit : « j’aime pas ». La différence entre les deux est que la première n’implique aucun avis personnel et peut être assimilé à une vérité absolue et invariable quelle que soit la personne qu’il l’exprime.
Ensuite, force est de constater que parfois…c’est moche. Bien sûr, tout dépend de l’œuvre et du spectateur, en effet : y a t il plus subjectif que l’art ? Certains artistes vont adopter une démarche résolument tournée vers une recherche esthétique, d’autres vers une idée originale, novatrice ou dénonciatrice sans que la plastique de l’œuvre ne soit une priorité, enfin (c’est plus rare) certains arrivent à combiner les deux.
Tout est une question d’école : l’art enseigné aux étudiants en France se doit d’être réfléchi, disséqué, voire (psych)analysé parfois au détriment du plaisir de l’œil.


Dans les pays de l’est, la formation des futurs artistes est axée davantage vers la facture de l’œuvre, et le trait. Le résultat n’est certes pas très original mais a le mérite d’être en général visuellement accessible…les idées simples sont souvent les mieux perçues pour ne pas dire les meilleures. Quand Guillaume Durand, dit que « nous avons une attitude attardée sur l’art » en déplorant le manque de pédagogie dont il fait l’objet, n’est-ce pas à l’art, aux artistes aux commissaires d’expositions, aux critiques de faire un effort pour se faire comprendre et accepter ? Pourquoi placer l’art sur un piédestal ? Comme si l’absence d’instruction artistique nous privait de tout droit de critique et de faculté de jugement…si vous trouvez ça moche c'est que vous n'avez aucune éducation.

mercredi 10 février 2010

Boltanski ou l'art du chiffon

Son exposition « Monumenta 2010 : Personnes » au Grand Palais fait jaser…70 000 personnes sont déjà venues admirer des piles de vêtements censées symboliser les camps nazis et leur ambiance morbide. Il a investi 13.000 m2 et éteint le chauffage pour rendre l’angoisse plus réaliste. L’article d’Yves Jaeglé dans le Parisien du 5 février, mentionne quelques commentaires d’élèves de CM2 qui résument bien l’incompréhension d’une certaine partie du public : « Très joli le tas de linge sale » ou encore « mince ils ont dû dévaliser tous les Emmaüs alentour ».
Cela fait bientôt 100 ans que Duchamp a poussé l’impertinence jusqu’à exposer un urinoir, posant une question toujours d’actualité : est-ce de l’art du fait de la seule volonté de l’artiste ? L’art officiel sans chercher plus loin, s’est empressé de détourner cette question en affirmation (C’est de l’art !) : faisons-le donc entrer dans nos musées…sacré Marcel !!! Du coup, les œuvres contemporaines doivent être intellectualisées, expliquées, replacées dans leur contexte, investir l’espace…une fois ces démarches effectuées (à la portée d’un gamin de 5 ans), peut être aurez-vous la révélation…c’est de l’Art avec un grand AAAAAAHHH.
Plus généralement, l’art contemporain institutionnel a divisé en deux les sentiments à son égard : d’une part ceux qui comprennent (ou font semblant pour avoir l’air dans le coup !) et qui encensent (commissaires d’expo, journaux spécialisés, critiques d’art etc.) et d’autre part ceux qui ne comprennent pas et qui par peur de passer pour des cons ou des incultes n’osent pas s’exprimer. Les premiers forts de leur arrogance essaient de justifier la démarche de l’immense artiste hexagonal à grands renforts d’une armée de 35 « pédagogues » chargés d’éduquer les masses infantilisées. Les seconds qui croient encore naïvement que l’art doit passer par la beauté plastique d’une œuvre restent – au mieux – perplexes. A force de placer l’art contemporain sur un piédestal, on lui enlève toute spontanéité : après une phase d’apprentissage, vous serez a même de ressentir une émotion (!) au contact de l’art contemporain…si vous n’en avez pas, vous êtes insensible…ou attardé.

mercredi 3 février 2010

Cinq idées reçues à propos de l’art contemporain (1/5) : L’art contemporain c’est cher.


Depuis bien longtemps, l’art contemporain a du mal à se débarrasser de certaines étiquettes parfois encombrantes. La première d’entre elles est son prix. Dans la pensée d’une grande majorité l’art est avant tout facteur de prix : « C’est cher donc, c’est de l’art » ou pire, le fatal : « c’est cher donc, c’est beau », comme si l’esthétisme devait nécessairement se payer quelques milliers d’euros. Un prix élevé ne se justifie que par une demande portée par quelques collectionneurs « érudits » qui ont compris et qui cautionnent la démarche de l’artiste parfois au détriment du bon sens : en atteste « la merde » (au sens propre ou plutôt sale) en conserve de Piero Manzoni qui dépasse encore 30000€. Est-ce la démarche de l’artiste qui est critiquable ou celle de l’acquéreur ?
De plus, si certaines œuvres de grands maîtres flirtent à plusieurs dizaines de millions d’euros (comptez jusqu'à 140 millions de $ pour un Pollock !), n’est pas François Pinault qui veut. Cette image qui lui est associée depuis des lustres tend à s’atténuer ces dernières années avec une démocratisation de l’art portée par des foires (Affordable Art Fair, Art Shopping etc.), ou des galeries (Carré d’artistes, Art Génération, Galerie des multiples, Urban Art Avenue etc.) qui proposent des œuvres originales à des prix attractifs (à partir de 80€). Avec une demande portée par une base plus large, les prix baissent (sauf en matière de téléphonie), CQF (presque) D.

jeudi 28 janvier 2010

Petit retour en arrière : Plusieurs employés de l'hôtel des ventes Drouot arrêtés pour trafic d'œuvres.

S’il est un lieu incontournable en matière d’art en France, c’est bien l’hôtel Drouot. Ce lieu dévolu aux ventes publiques depuis la deuxième République, brasse une foule et des millions d’euros chaque année. Véritable baromètre des tendances du marché de l’art en France, ce lieu est le pré carré des Savoyards, manutentionnaires en situation de monopole pour tout ce qui concerne le transport d’œuvres relatif à l’établissement parisien. La descente de police menée par l’OCBC début décembre a mis au jour un trafic organisé depuis des années et jeté le discrédit sur cette institution.
En dehors du fait que la profession exclusivement réservée aux natifs de Savoie veille jalousement à son monopole de fait (certains y verront une forme de discrimination établie depuis plus de 150 ans), ces pratiques risquent de mettre à mal la place parisienne déjà malmenée par la concurrence des duettistes Christie’s et Sotheby’s.

Wait and see…

samedi 23 janvier 2010

Zoom sur…4 artistes clermontois

Vous pourrez retrouver sur notre site nos quatre artistes clermontois : Marjorie, Vincent, Laetitia et Marc. Ce premier zoom leur est consacré, d’autres suivront prochainement.
Anciens membres du collectif d’artistes le Cent mètre carré, leurs univers nous ont séduit pour leur fraîcheur, leur simplicité esthétique et leur gaieté.
Laetitia et Marc créent des personnages enfantins, sous forme de petits animaux naïfs et colorés qui font craquer petits et grands. A l’image de notre sélection artistique, Laetitia et Marc plus connus sous le nom de MKT4, nous proposent de l’art sans chichis ni masturbation intellectuelle.
Marjorie, artiste éclectique, orientée pop-art, et imprégnée de culture asiatique, nous invite dans son univers ludique.
Vincent, alias Pulcomayo, crée des petits monstres tout mignons qu’il n’hésite pas à massacrer à la hache ( !), des toys colorés, des stickers rigolos. L’imagination et l’humour sont au cœur de son travail.

mardi 19 janvier 2010

Ami(e) ou ennemi(e) de l'art contemporain ce blog est fait pour toi !!

Urban Art Avenue est né de l’idée de deux anciens étudiants de l’ICART (Institut Supérieur des Carrières Artistiques), Salomé Spach (promo 2007) et Nicolas Rousseau (promo 2005).
Nous avons pris le parti de mettre en place une galerie d'art virtuelle afin de nous servir du web comme tremplin afin de basculer vers une galerie plus conventionnelle à moyen terme. Chose impossible dans l’immédiat, dans la mesure où comme chacun sait une galerie est un commerce le plus souvent situé dans des zones touristiques, à fort passage, et les prix des fonds de commerce qui vont avec.
Plutôt que de rechercher des artistes reconnus, cotés, et de nous adresser à une clientèle fortunée, nous prenons le parti de promouvoir - via Internet, mais pas uniquement - de jeunes artistes dont la démarche s’oriente davantage vers l’esthétisme (pour reprendre les termes de Sophie Colon : « juste pour faire joli ») que vers un concept qui révolutionnerait l’histoire de l’art…
Nous avons choisi d’offrir une « déco alternative », de diffuser le travail de ces artistes comme étant un vecteur de promotion pour eux comme pour nous. Nous nous positionnons en alternative aux grandes galeries incomprises d’une grande part de la population « non initiée » aux canons (oserais-je parler d’esthétique !) de l’art contemporain.
Vous pourrez à travers ce blog (qui préfigure notre futur site), découvrir une quinzaine d’artistes que nous avons sélectionné, acheter leurs œuvres (à partir de 100€), nous faire part de vos impressions, vous tenir au courant de l’actualité des expos de la galerie, ou réagir à l'actualité artistique.
Pour finir, nous souhaitons à tous nos proches, amis, artistes et futurs clients, une très belle année 2010, pleine de réussite et de bonheur.