Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

vendredi 26 mars 2010

Le street art à 5000€, est-ce encore du street art ? 2/2

Les élus en question ne sont pas nés de la dernière pluie. Ces artistes qui ont la primeur des maisons de ventes prestigieuses sont souvent des post-jeunes ou des pré-seniors qui ont entre 45 et 60 ans. Misstic qu'on ne présente plus a enfin accédé à la reconnaissance et on oublie qu'elle a 53 ans...
Bien évidemment, ce n'est que l'arbre qui cache la forêt. La plupart des artistes contemporains quel que soit leur âge vivent souvent mal de leur art et la relève doit bien souvent passer par des jobs alimentaires pour pouvoir l'exercer. Le fait que ces artistes aient démarré en peignant dans les rues (et non en s'enfermant dans les galeries) les a rendus visuellement accessibles au passant qui y prête un peu d'attention. Celà a beaucoup fait pour leur renommée, tout en restant en dehors des circuits conventionnels du marché de l'art. La renommée rime bien sûr avec le montant des oeuvres et justifie souvent des prix élevés voire excessifs, cependant on ne peut leur reprocher de vouloir vivre correctement de leur art.
Il existe aussi un lien entre la quantité d'oeuvres crées et le prix de celles-ci, en effet, Warhol pouvait se permettre de vendre certaines oeuvres moins chères quand elles étaient fabriquées à la chaîne. Pour ceux qui se sont battus durant de longues années pour accéder à la reconnaissance en produisant peu, les prix de leurs oeuvres entretiennent la demande et les attentes des acheteurs. Du fait de leur caractère plutôt unique ou rare, ces oeuvres sont souvent moins soumises aux aléas de la mode et leur prix restent sensiblement les mêmes.
Pour ceux qui pensent que la place du street-art est dans la rue uniquement, on ne peut leur tenir rigueur de vouloir s'exposer gratuitement et au plus grand nombre, en perpétuant "l'essence" du street-art, ils font beaucoup plus pour sa diffusion et sa popularité que des maisons de ventes ou des galeries qui "découvrent" des artistes de 50 balais...

vendredi 19 mars 2010

Quand la politique censure des artistes...

Quatre mots qui dérangent : travailler, gagner, plus, moins. L’installation de l’artiste chinoise Siu Lan Ko a été démontée quelques heures après leur affichage sur la façade de l’École des Beaux-Arts, quai Malaquais. « Censure politique », dénonce l’artiste.« Un week-end de sept jours », une exposition collective à la connotation délibérément utopique, devait présenter du 13 au 21 février des œuvres d’étudiants du Royal College of Art de Londres, et de Lasalle College of the Arts de Singapour. Siu Lan Ko, qui connaît bien les Beaux-Arts de Paris pour y avoir passé deux ans en résidence, avait imaginé deux bannières réversibles de 7 mètres de haut sur 1,2 m de large, visibles depuis les quais de la Seine et incluant simplement quatre mots. Selon le chemin que l’on empruntait, on pouvait lire les mots ci-dessous.
Gagner Plus, Travailler Moins
Travailler Plus, Gagner Moins
Travailler Moins, Gagner Moins
Travailler Plus, Gagner Plus
Plus Gagner, Plus Travailler
Moins Gagner, Plus Travailler
Moins Travailler, Moins Gagner
Plus Travailler, Plus Gagner
Plus Gagner, Moins Travailler
Plus Travailler, Moins Gagner


Si on peut se questionner sur le côté artistique de la démarche, on peut en revanche difficilement comprendre en quoi elle suscite la réprobation de l’école des Beaux arts au point de faire décrocher les banderoles...difficile de croire à un côté subversif étant donné que la formule chère à notre président est déclinée sous différentes formes positives ou négatives. La politique est un sujet sensible et le monde de l’art ne manque pas d’artistes autrement plus engagés qui ne sont heureusement pourtant pas censurés. Si ces deux composants de nos vies que sont le travail et l'argent ne peuvent être abordés par les artistes contemporains sous prétexte que leus oeuvres déplaisent à la classe politique avec la complicité de l'école des Beaux Arts, la liberté de création risque d'avoir du plomb dans l'aile dans les anneés qui viennent...

jeudi 18 mars 2010

L’Art de prendre les gens pour des buses...

Pour l’amateur francilien de Munch, une expo lui est en ce moment consacrée. La Pinacothèque a voulu présenter son oeuvre, au-delà de cette toile qu'elle ne considère pas représentative, en exposant essentiellement des oeuvres issues de collections privées. « Le cri » est à Munch ce que la Joconde est à Leonard de Vinci : une œuvre centrale et incontournable. Tellement incontournable que la Pinacothèque a jugé bon à l’en croire de ne pas chercher à l’exposer. Au-delà de la démarche – louable – de ne pas réduire l’œuvre de Munch (prononcez « Monk » si vous voulez passer pour un norvégianophone...c’est très chic et ça permet de briller pendant les vernissages où on s’emmerde) à cette toile, l’origine de cette expo se trouve dans le fait que deux des toiles exposées à Oslo (il en existe 4 versions) ont été volées ces quinze dernières années (1994 et 2004). Après une demande de rançon, une attaque à main armée et deux descentes de police, les deux toiles ont été retrouvées et ont réintégré leurs musées respectifs.
Depuis, les conservateurs norvégiens se montrent quelque peu réticents, c’est le moins que l’on puisse dire, à prêter leurs toiles aux expos consacrées à Munch à l’étranger. «Ce n'est pas une exposition par défaut, assure Dieter Buchhart, commissaire de cet «Anti-Cri»...ben voyons. On sait tous que s’ils avaient eu la possibilité d’exposer « le Cri », les ventes de billets et de catalogues d’expos auraient été tout autres...Décidément les commissaires d’expos trouvent toujours les moyens de vous faire payer...
Quelques idées d’expos : « le cubisme » sans les « Demoiselles d’Avignon », « l’Anti-Joconde chez Leonard sans Mona Lisa», « Picasso et les Ménines » sans la célébrissime toile de Velasquez (vécu). Autant vous dire que si vous voulez des points de comparaison, va falloir aller faire un tour chez les Vikings...

mercredi 10 mars 2010

Le street art à 5000€ : est-ce encore du street-art ? 1/2

Depuis quelques années, le street-art est passé du statut d'art "délinquant" (pour ses détracteurs) à celui de branché. En témoignent, les expos de la fondation Cartier ("Né dans la rue"), du Grand Palais ("Tag au Grand Palais") et les ventes publiques organisées par Artcurial, Millon et associés, et Cornette de Saint-CyrDrouot-Montaigne !)...des monuments du marché de l'art en France. Bien sûr, contrairement à la grande distribution quand les "gros" s'emparent de ce mouvement les prix ne vont pas s'effondrer bien au contraire.
Doit-on se réjouir de cette légitimité nouvelle ou la regretter ? Concernant les artistes présents sur la scène street depuis des années (JonOne, Speedy Graphito, Jef Aerosol...) qui ont acquis une certaines reconnaissance, ce n'est pas en graffant sur les murs de nos villes que ça fait bouffer son homme. Or l'essence même du street-art est comme son nom l'indique de faire de la rue une vaste galerie où l'art devient accessible à tous et gratuit. Y a pas comme un paradoxe ? Business is business...
Malgré tout, les estimations des œuvres de ces artistes restent encore raisonnables pour le moment. Tout étant relatif, même des grands formats (200x150cm) peuvent encore s'acquérir aux alentours de 2000€. Achetez maintenant demain ce sera plus cher...
Pour le profane comme pour l'amateur, le prix affiché en matière d'art est assez obscur, il ne peut se résumer comme un bien de consommation courante au coût de fabrication et à la marge de la galerie. Certains artistes acquièrent une reconnaissance si leurs oeuvres font partie de grandes collections privées, de musées ou simplement représentées par des galeries prestigieuses. Mais là encore, beaucoup d'appelés et peu d'élus...

jeudi 4 mars 2010

Petit retour à Drouot

A la suite des divers vols et recels pratiqués par les commissionnaires de l'hôtel Drouot (Cf. Post du 28/01), la direction de l'hôtel des ventes à décidé de procéder à un grand nettoyage : le monopole détenu par les Savoyards concerant le transport, la manutention et le magasinage des lots depuis Napoléon III est tombé. Le discrédit jeté sur la salle des ventes parisiennes suite à cette affaire à poussé la direction de l'hôtel des ventes à agir, désormais les commissionnaires devront partager leurs missions avec des prestataires extérieurs agrées par Drouot.

mardi 2 mars 2010

Cinq idées reçues à propos de l’art contemporain (3/5) : l’art contemporain, c’est incompréhensible



Pour celui ou celle qui n’a jamais mis les pieds dans une exposition d’art contemporain et qui découvre une œuvre de Damien Hirst ou Jeff Koons (les deux artistes vivants les plus chers), la visite peut s’avérer un peu déroutante, entre la demi-vache plongée dans du formol et le homard géant suspendu dans la chambre du roi à Versailles, il faut bien « quelques explications ».
Mais qu’est-ce qui fait de ces installations des œuvres d’art au fond ? N’est-ce pas tout simplement le côté provoc’ et incongru de leur espace d’exposition, ou les riches et célèbres mécènes qui financent ces projets bling-bling. Concernant Koons, son droit d’entrée à Versailles n’a rien d’un hasard : l’ancien ministre de la culture et aujourd’hui président du château de Versailles est un proche de François Pinault, lui-même admirateur et collectionneur de Koons, c’est pratique les relations... Un homard dans la chambre royale c’est au mieux amusant, mais ça n’a aucun sens ni aucun rapport avec le lieu d’exposition... est-il seulement nécessaire d’apporter un début d’explication ?
Le débat enflammé qui en résulte amène davantage de visiteurs que les œuvres elles-mêmes (Cf. Koons, Boltanski pour ne citer qu’eux). L’incompréhension suscitée par ces expositions est entretenue par les professionnels qui gravitent autour de ces artistes, commissaires d’exposition, critiques d’art, qui propagent la bonne parole et entretiennent le dogme : l’art contemporain c’est beau, c’est bien, point.
Bien sûr, ces pontes pour la plupart sûrs de leur jugement ne laissent aucune place au doute ou à la controverse concernant la nature artistique des pièces exposées, préférant laisser les visiteurs dans une frustration confuse.
Et pour finir cet article, un petit exemple probant : « Long a façonné son image sur les idées de « dissémination » et de « parcours », concevant l’œuvre d’art comme une prise de possession d’un espace existentiel grâce au modèle géométrique de la rationalité. »
Guide de l’art, Solar.

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