Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

vendredi 27 août 2010

No pictures, please !!!!

Troisième jambe du trépied des musées parisiens avec le Louvre et Beaubourg, le Musée d'Orsay est gangréné par la connerie. Bien qu'il abrite nombre de chefs-d'œuvre inestimables de l'art du XIXème et XXème siècles, certaines personnes haut placées ont jugé bon que les photos et vidéos y seraient désormais interdites. La raison, enfin plutôt le prétexte fallacieux, à cette mesure est « qu'il agit de protéger les toiles pouvant être endommagées par des prises de vues à bout de bras via des téléphones mobiles ». Le risque est grand en effet que l'objectif de votre appareil photo mette ses gros doigts tout gras sur les toiles. La véritable raison invoquée par de nombreux internautes et que je partage est qu'il est plus rentable de vendre des mugs kitsch avec l'autoportrait de Van Gogh ou du PQ avec les Nymphéas de Monet dessus que d'accorder aux visiteurs le droit de ramener des souvenirs gratuits et personnels.

Cette décision semble ne pas être définitive, du moins espérons le, car le Louvre qui avait tenté de mettre en place semblable interdiction en 2005, a finalement fait marche arrière...par contre les flashes y sont toujours interdits.

mardi 24 août 2010

Respect !!

Puisqu'il m'arrive de pousser trop souvent des coups de gueule contre les imposteurs de l'art contemporain, je me prends à espérer qu'il existe encore des artistes talentueux trop peu médiatisés. Je laisserai donc le soin pour cette fois ci de tenir le fonds de commerce de l'indignation à la rubrique du courrier des lecteurs de Télérama.

Il m'a rarement été donné de visiter une expo aussi bien montée que celle consacrée à Ernest Pignon Ernest à l'espace Encan de La Rochelle : pas d'argumentaire superflu autre que la parole de l'artiste, une démarche artistique se situant en dehors de l'art formaté pour musées ou foire d'art contemporain (toute allusion à la FIAC ne serait que pure coïncidence) et les œuvres AAAH, les œuvres, Ernest Pignon-Ernest a plus fait pour faire descendre l'art contemporain de son piédestal que n'importe quel commissaire d'expo, galeriste, ou ministre de la culture réunis. Il était en effet l'un des premiers artistes a concevoir la rue comme un espace d'exposition et d'expression artistique. Avec une science (c'est un cran au dessus de la technique) maniaque du dessin que l'expo met parfaitement en valeur, ses œuvres ne sont pas sans rappeler celles de Caravage mais s'inscrivant dans une thématique sociale (chômage, misère), politique (lors du jumelage de Nice, sa ville natale avec Le Cap en pleine période d'Apartheid, ou lorsqu'il travaille sur un portrait de Pablo Neruda à Santiago sous la dictature de Pinochet), religieuse (descente de croix, ainsi que sa période napolitaine) ou mythologique. Un seul regret : l'expo était trop brève (6 semaines seulement), mais quand l'art pour tous se meurt, ça fait du bien de se prendre de temps en temps une bonne dose d'oxygène...

vendredi 6 août 2010

Lettre ouverte d'un sans galerie fixe à...

Je voudrais à travers cette lettre te faire part de l’expérience artistique inoubliable à laquelle j’ai eu la chance d’être confronté le mois dernier au Musée Départemental de Beauvais, bien que confronté le mot soit faible puisqu’un choc frontal sans airbag et sans ceinture à 200 sur l’autoroute soit certainement moins brutal.
Cette lettre s’adresse à toi, ersatz d’artiste de mes deux, toi dont j’ai fort heureusement déjà oublié le nom (sois sûr que sans cette lacune je l’aurais volontiers mentionné) en espérant de tout cœur que la postérité sera frappée en ce qui te concerne de la maladie d’Alzheimer.
Lors de cette expo collective dont les têtes d’affiches s’appelaient encore une fois Boltanski et Messager auxquels j’espérais par ailleurs enfin échapper en visitant une expo non parisienne, tu as eu l’idée géniââââle, inédite, révolutionnaire, les mots me manquent, d’exposer tendus sur un banal filet une quinzaine de slips – propres, c’est la seule circonstance atténuante que l’on puisse t’accorder – aux côtés des œuvres des illustres représentants français de l’art comptant pour rien sur la scène internationale.
Tes slips immaculés sont, je le déplore encore une fois, hélas représentatifs du néant créatif de la scène artistique française (trop) visible qui se borne depuis Duchamp à la singerie pure et simple de celui qui osa LE PREMIER exposer un objet courant dans un évènement artistique d’envergure.
Face à la nullité ambiante des artistes sur-médiatisés qui ne font parler d’eux que par la controverse qu’ils suscitent (c’est d’ailleurs plus ou moins ce que je suis en train de faire), je préfère modestement exposer et vendre mes 11 « petits artistes » qui se démènent pour essayer de créer quelque chose de beau.
Sur ce, monsieur l’imposteur, je te prie de bien vouloir agréer en l’expression de ma plus profonde aversion à ton égard.


Nicolas Rousseau


PS Embrasse de ma part le ou la commissaire d’expo qui n’a pas pris la peine de justifier par un habituel bla-bla philosophico artistique ennuyeux la vacuité de ta démarche.