Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

jeudi 29 juillet 2010

L’art du faux

Si le marché de l’art tend à dégager une image respectable auprès de ceux qui n’y regardent pas de trop près celle-ci prend de temps à autre une rafale de plomb dans l’aile. Récemment, Guy Ribes artiste de son état a été appréhendé par la maréchaussée pour contrefaçon de 150 œuvres de Matisse, Picasso, Chagall, Léger, Renoir etc. bref pas n’importe qui. L’affaire aurait pu s’arrêter là si ce n’est que le trafic impliquait une douzaine de personnes chargées d’écouler les faux. Dépourvu de fibre commerciale mais doté d’un sérieux coup de pinceau, notre génial contrefacteur croisa la route d’un marchand parisien peu scrupuleux (encore un !!) qui revendait les toiles à des prix bien en dessous de la cote des artistes. S’étalant sur près de 15 ans ce trafic juteux a rapporté aux différentes personnes impliquées (une douzaine en tout) la bagatelle de plusieurs millions d’euros.
Seulement voilà, notre artiste semble avoir été lui aussi victime de manipulation de la part de ses commanditaires qui ne le payaient pas systématiquement ou très peu compte tenu des prix des œuvres. Résultat des courses, une vingtaine de victimes s'étaient portées parties civiles et certaines d'entre elles auraient déboursé jusqu'à 2 millions de francs (300.000 euros) pour acquérir des toiles qu'elles croyaient authentiques...ben oui, puisque elles étaient délivrées avec des certificats d’authenticité (quitte à faire les choses bien). Si la pratique de prendre les clients pour des buses est une maladie assez répandue chez les galeristes, la volonté de certaines personnes de posséder « un nom » tend parfois à céder aux sirènes de personnes qui jouent sur la célébrité du nom pour écouler leur marchandise. Cela n’est en rien gage d’authenticité (déjà à l’école, on apprend à ne pas copier sur les mauvais élèves), preuve en est faite, ni d’ailleurs de qualité quand bien même l’œuvre serait authentique : même Picasso ou Renoir ont fait des croûtes après tout...mais des croûtes chères.
Revenons à nos moutons, notre artiste, par ailleurs très doué puisque selon les termes de l’expert : « si Picasso était encore vivant, il l’embaucherait », a été condamné à trois ans d’emprisonnement dont deux avec sursis, l’auteur des faux certificats d’authenticité a 4 ans dont trois avec sursis et les autres membres du réseau à des peines légèrement inférieures à celles requises par le ministère public. Avis à ceux qui voudraient leur rendre visite au parloir, vous pourrez leur apporter des oranges, c’est bon et ça peut faire très joli en nature morte.

lundi 26 juillet 2010

Regrets éternels

Puisque je rentre de vacances et que mon humeur est encore momentanément au beau presque fixe, je voudrais laisser choir mon habituelle indignation pour me réjouir et enfin faire part d’une expérience institutionnelle positive en la personne de Joe Downing, enfin plutôt de ses œuvres puisque la logique des musées français qui est d’exposer des artistes qui soient soit morts, soit nuls est ici respectée dans la mesure où il est décédé en 2007.
J’ai trouvé en cet artiste, pourtant relégué au sous-sol du Musée Unterlinden de Colmar, enfin une démarche esthétique à travers sa touche fragmentée, colorée et kaléidoscopique. La difficulté était d’autant plus grande qu’il s’agit d’œuvres abstraites, genre pourtant visité et revisité plus souvent que Zahia ne l’a été par les joueurs de l’équipe de France (pardon je m’égare).
Sans doute bénéficiait-il d’une reconnaissance déjà bien établie (il est sur Wikipedia !) et je déplore encore une fois qu’il ait fallu qu’il passe l’arme à gauche pour découvrir son travail mais la conviction de croire encore en ce qu’il y a de beau renaît heureusement de temps en temps grâce à des artistes décédés. C’est triste et bien dommage et il s’agit ni plus ni moins que d’une lacune de ma part dans ma connaissance de l’art contemporain mais si on nous montrait moins de Boltanski et plus d’artistes de la trempe de Downing, l’art contemporain jouirait d’une meilleure crédibilité auprès des non-initiés et même de certains professionnels.