Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

jeudi 28 octobre 2010

Vers un Art Contemporain 2.0 ?

A l’heure où se clôt la grand’messe de l’art contemporain parisien (quoique le terme soit impropre : l’entrée à une messe est gratuite quand celle de la FIAC était à la modique somme de 28€), se pose la question de l’évolution de la pratique artistique contemporaine et de sa toute fraîche légitimité.
A en croire la place marginale qu’il occupe, l’art numérique reste encore sous évalué pour ne pas dire dénigré par nombre de galeries françaises qui lui préfèrent des artistes orientés vers des techniques de peinture traditionnelles, le conceptuel, la vidéo ou la photographie.
Seulement en quoi l’art numérique serait-il moins légitime que ces disciplines à la reconnaissance déjà bien établie ?
Sa nouveauté ne plaide pas en sa faveur, dans la mesure où le public initié se tourne en priorité vers la « valeur sûre » autrement dit vers la peinture ou la sculpture, tout en gardant une certaine méfiance vers un art qui peut être aisément taxé de « facile » compte tenu des possibilités offertes par les logiciels modernes. Autant vous le dire tout de suite, c’est faux : il n’y a aucune commune mesure entre supprimer les yeux rouges d’une photo et créer une œuvre de A à Z sur un écran d’ordinateur, cela suppose une connaissance parfaite de l’outil et une démarche créatrice qui n’a rien à envier aux partisans du pinceau et de la palette.
On peut également rétorquer qu’un fichier numérique est une œuvre dématérialisée, mais cet argument ne peut être considéré comme recevable de la part des défenseurs de l’art conceptuel puisque dans ce domaine, ils considèrent que l’idée en elle-même (si ça c’est pas immatériel !!) se confond avec l’œuvre.
Peut-être faut-il chercher du côté de la matérialisation de l’œuvre justement. Le « problème » avec une œuvre numérique est qu’elle soit aisément copiable. Il s’agit cependant d’une pratique courante et en aucun cas nouvelle car la reproduction a cours depuis bien longtemps en matière artistique que ça soit à partir de la gravure sur plaque de cuivre (Eau-forte), sur bois (xylographie), ou sur pierre (lithographie). Or ces pratiques ont toutes une légitimité dès lors qu’elles font l’objet d’une certaine régulation par les artistes et ceux qui diffusent leurs œuvres. La difficulté qui se pose (pas uniquement en la matière) est qu’il n’a jamais été aussi simple de faire un « copier-coller » ou un « enregistrer sous ». Il appartient alors à l’artiste de proposer des versions en basse définition comme « échantillon » de leur travail, tandis que le galeriste veille à restreindre le nombre d’exemplaire matériels de l’œuvre afin qu’elle garde son côté « hand-made ».

mardi 19 octobre 2010

Jean-Michel Basquiat au Musée d'Art Moderne de Paris

Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris consacre une rétrospective à Jean-Michel Basquiat du 15 octobre au 30 janvier 2011.

Né à New York, en 1960, d'une mère porto-ricaine et d'un père d'origine haïtienne, c'est dans la rue que Jean-Michel Basquiat s'exprime dans un premier temps. Avec l'un de ses amis Al Diaz, ils couvrent des immeubles de Lower Manhattan de graffs auxquels il ajoute la signature « SAMO© » (« same old shit »). En 1978 il quitte le lycée et vend des T-shirts et des cartes postales dans la rue pour survivre. Il obtient une première reconnaissance en 1980 en participant à une exposition collective, « The Times Square Show ». En 1981, un article du critique d’art René Ricard paru dans Artforum lance la carrière de l’artiste.
En 1983 il rencontre Andy Warhol, avec lequel il débute une collaboration fructueuse et une forte amitié. C’est aussi le moment où Basquiat sombre dans l’héroïne et montre des premiers signes de paranoïa.

Basquiat est l'un des pionniers du mouvement graff underground. Ses toiles se vendent aujourd'hui aux enchères à des prix astronomiques. Il est connu et reconnu à travers le monde pour ses œuvres à la fois profondes et percutantes. Son univers plein de couleurs et de graphisme mélange la Bible et les mythologies sacrées du vaudou. Il brûle sa vie, habité par la révolte et la mort. S'inspirant à ses débuts de ce qu'il voit dans la rue, il peint divers éléments urbains récurrents : squelettes et masques exprimant son obsession de la mort, voitures, immeubles, jeux d’enfants, pauvreté, graffitis… Il introduit ensuite dans ses œuvres plusieurs codes issus de la publicité, de la bande dessinée ou encore des signes du jazz et du rap. Puis l'artiste révèle peu à peu son intérêt pour son identité noire et son histoire. Il se lance alors dans la représentation de personnages noirs historiques ou contemporains. Il espère ainsi lancer un message et combattre toute forme de ségrégation et de discrimination.
L'ensemble de toutes ses œuvres projette toujours le même sentiment : de la violence et de la colère entremêlées d'une énergie indiscutable. Jusqu'à sa mort, Jean-Michel Basquiat n'a cessé d'évoluer dans son style.
L'ascension de Basquiat sur la scène artistique internationale est fulgurante : en 1982, il participe à la Documenta 7 de Kassel. L'année suivante il expose à la Biennale du Whitney Museum of American Art à New York.
Quand il meurt à 27 ans d'une overdose en 1988, il laisse une œuvre déjà abondante et reconnue en Europe comme aux Etats-Unis.

La rétrospective du Musée d'art moderne de la Ville de Paris sera composée d'une centaine d'œuvres (peintures, dessins, objets) reconstituant le parcours de la courte mais néanmoins prolifique carrière artistique de Jean-Michel Basquiat.
Elle est co-organisée avec la Fondation Beyeler de Bâle, qui l'a présentée du 9 mai au 5 septembre 2010.



arts.fluctuats.net, culture.france2.fr, sortirapapris.com



jeudi 14 octobre 2010

Expo inaugurale en grande pompe

Nous avons le plaisir d'annoncer au lectorat limité de ce blog, le vernissage prochain de l'expo "Chou, Hibou, Joujou", le 11 Novembre prochain à partir de 19h30. Vous y découvrirez les oeuvres de MKT4, Caroline Checcacci et Marjorie Herrero qui seront également présents.
Il aura lieu à l'adresse suivante :
Loft gallery
88 rue du Dessous des Berges
75013 Paris

Petits fours payants et collectors, les chiens et les pique-assiettes ne sont pas autorisés.

mardi 5 octobre 2010

Cinq idées reçues à propos de l'art contemporain (5/5) : l'art contemporain, c'est inutile...

...comme tout le reste, ou presque !! Certaines personnes réfractaires à l'idée d'acheter une œuvre d'art ne se privent pas d'acquérir des boules à neiges ou des boîtes à meuh comme souvenirs de vacances, quelle est l'utilité d'avoir une Rolex pour avoir l'heure quand on peut l'avoir sur une Swatch ? Ah si, si l'on s'en tient aux critères arbitraires de réussite de Jacques S., dans le premier cas vous avez réussi votre vie dans le deuxième, vous êtes un looser (Si par contre vous achetez votre première Rolex à 70 ans, c'est bien mais pas top).

Si on devait éliminer tout ce qui est inutile matériellement de nos vies, ça en ferait des choses à recycler dans la mesure où la plupart de nos dépenses sont des dépenses d'agrément. L'art en est une , acheter un tableau n'est pas moins inutile que d'acheter un Iphone quand on ne fait que téléphoner avec (pour ceux qui veulent tripoter la foufoune de Zahia sur l'écran tactile, ça présente en revanche un intérêt certain).

Une oeuvre d'art présente l'avantage d'être quasiment inusable et surtout, quand il s'agit d'une pièce unique, d'être strictement personnelle. Il s'agit là d'une démarche en marge du comportement consumériste puisque l'on achète pas de l'art pour être « in » ou « tendance ». Mais le besoin du « beau » n'est pas moins légitime - au contraire – que celui qui obéit à la seule règle de posséder le dernier cri en matière de technologie (qui d'ailleurs sera dépassé six mois plus tard !).

La décision d'acquérir une oeuvre d'art n'obéit pas à une règle universelle et rationnelle, au point qu'on dit parfois que c'est elle qui vous choisit et non l'inverse : l'Art ne s'achète pas avec la tête mais avec le coeur, et souvent les personnes réticentes qui se laissent conquérir lors de leur premier achat, se laissent tenter beaucoup plus facilement par la suite.

Le pas est d'autant plus difficile à franchir que la somme en jeu est le plus souvent importante si bien que l'art tient bien souvent la dernière place dans la liste des courses, se faisant régulièrement précéder par des dépenses tout aussi superflues. C'est ainsi que certaines personnes, pourtant avec un goût très sûr, repoussent ad vitam aeternam leur décision d'acquérir une oeuvre d'art.