Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

mercredi 23 février 2011

Histoire Corse

L’histoire se situe à Ajaccio au musée Fesch plus précisément où travaille le gardien de nuit employé par la Mairie. Seulement, la municipalité envisageait de lui supprimer son logement de fonction (que voulez-vous la culture coûte cher), le gardien en question n’a donc rien trouvé de mieux à faire que d’emprunter 4 toiles du Musée (dont un Poussin) afin de faire pression pour récupérer son logement...L’histoire aurait pu s’arrêter là mais c’est oublier un peu vite le lieu de l’intrigue : ayant placé les œuvres dérobées dans sa voiture, un voleur indélicat a brisé une vitre du véhicule avant de voler le vil voleur...Le tout dans la même nuit !
Au-delà de la traditionnelle histoire de l’arroseur arrosé, on peut quand même se demander s’il ne s’agit pas d’une mise en scène grossière. Car pour manifester sa désapprobation liée à la perte de son logement de fonction, il y a, à n’en pas douter, mieux à faire que de faire prendre l’air à des toiles. Du coup, son logement c’est pas sûr qu’il le garde et sa fonction encore moins. Non sans rire (oui comme ça, c’est difficile), où ailleurs qu’en Corse, une histoire pareille aurait-elle pu arriver ? Même dans les Musées Parisiens, avec les services de sécurité les plus brillants au Monde, ça n’aurait pas pu arriver. A ce sujet, je tiens à signaler, que lors de ma visite de l’expo Basquiat, j’ai allègrement et volontairement fait sonner les portiques de sécurité et continué mon chemin sans que l’on me demande quoi que ce soit. C’est quand même curieux 8 mois après le vol retentissant d’un Modigliani (entre autres) dans le même Musée...

mardi 22 février 2011

Alors que revoilà la sous-préfette..

Régulièrement, on entend parler d'art à la TV, or la condition sine qua non pour que les chaînes de TV se penchent sur l'art, c'est qu'il faut que ça en vaille la peine, comprenez qu'il faut un bon gros paquet de zéros ou un événement sen-sa-chio-nel genre une bien grosse expo. Ici BFM TV (Bolloré infos), nous présente comme une nouveauté le fait que l'on achète une oeuvre d'art par actions (cotée en bourse donc). Si certaines personnes (loin d'être une majorité) conçoivent l'art comme un investissement, le fait de partager une oeuvre d'art entre différents acquéreurs à de quoi laisser perplexe. Quel est l'intérêt de se porter acquéreur d'une oeuvre si on ne peut l'admirer chez soi. L'actionnaire doit malgré tout avoir le droit d'encadrer son action enfin on peut supposer.

Le procédé présenté ici et contrairement à ce qui est dit dans le reportage n'est pas nouveau : déjà en 2007, un fonds anglais Artistic Investment Advisers s'était autoproclamé le premier fonds d'art spéculatif au monde avant de plier boutique en décembre 2009.

L'oeuvre présentée dans le bref reportage de BFM étant de surcroît...une impression de Vezzoli dont la valeur totale culmine pour l'instant à 135 000 euros (oui ça fait cher le poster, si en plus il faut le partager...mais bon c'est Yvon Lambert qui l'expose !!). Amis investisseurs non voyants, qu'attendez vous pour dégainer vos chéquiers ?

jeudi 17 février 2011

Tout nouveau, tout beau

Pour les fans de la première heure et les groupies familiales qui suivent notre actu avec assiduité notre ancien site beurk deviendra dans les semaines qui viennent un nouveau site aaaaah. Plus propre, plus pro, plus clair avec un espace virtuel qui permettra de visualiser les œuvres telles quelles. Vous y retrouverez notre actu (chargée), nos artistes adorés, et le reste dans un graphisme new look.
L’adresse n’a pas changé, vous pouvez d’ores et déjà aller y faire un tour, bien qu’il soit encore loin d’être terminé : www.urban-art-avenue.fr
Sinon, en avant première moooondiale, l’expo qui se tiendra à la Galerie Pfennigsdorf située à Pigalle (à deux pas du Sexodrome pour les pervers !) du 25 Mai au 1er Juin sera dédiée à notre nouvel arrivant : Hubert Hamot aka Numartis et s’intitulera :
(roulement de tambour)
New York 2.0
A très vite pour de nouvelles aventures palpitantes.

mercredi 16 février 2011

Tagada Tsoin Tsoin

...Et si l’art n’était qu’une farce ? L’idée est loin d’être novatrice et pour tout dire elle a déjà été exploitée par de nombreux farceurs dont le plus connu est Marcel Duchamp, le plus connu certes mais pas le premier.
Déjà dans l’idée avait germé dans la tête d’Alphonse Allais et de quelques autres de créer un Salon des Arts Incohérents placé sous le signe de la farce justement afin de briser la morosité ambiante de la fin du 19ème siècle et de s’en payer une bonne tranche. Largement oublié de la plupart des théoriciens et enseignants du marché de l’art empêtrés dans leurs définitions d’avant-garde et de Post-avant-garde (c’est ce qui vient après l’avant-garde : la Garde donc), et appliqués à placer les courants artistiques dans des cases comme des CD à la FNAC, ils ont injustement omis que l’invention de l’abstrait et par la même occasion du monochrome était dû à Alphonse Allais et à personne d’autre (enfin à ma connaissance). En effet : trop occupés à dicter leurs dogmes vaseux et démonstrations alambiquées dans le seul but de justifier leur statut de haute autorité en la matière, ils ont cherché à faire gober que le « Carré blanc sur fond blanc » de Malevitch était le premier monochrome de l’histoire de l’art (1918).
Seulement en 1883, lors de la première exposition officielle des Arts Incohérents, Allais présentait « Récolte de la Tomate par des cardinaux apoplectiques au bord de la Mer rouge » soit un monochrome rouge suivi en 1893 par la « Première communion de jeunes filles chlorotiques par temps de neige », soit...la même en blanc. Pourquoi n’a-t-il pas sa place dans la plupart des bouquins consacrés à l’histoire de l’art ? Parce que certains ont décrété que les œuvres d’Allais (et Allais lui-même) étaient empreintes du sceau de la dérision et que s’il est un domaine dans lequel la dérision est verboten c’est bien celui de l’art. Cependant c’est aller un peu vite en besogne, puisque Duchamp, Dada & co avaient la même approche, l’Art peut aussi ne pas se regarder pas sous un angle sérieux.
Il me vient une anecdote dont je fus le témoin consterné : il y a de ça quelques années, un immense critique d’art (Philippe Piguet pour ne pas le nommer) devant une œuvre de Carl André constituée d’une vingtaine de dalles de cuivre juxtaposées sur le sol assez semblables à celles exposées dans votre salle de bain (peut être pas en cuivre mais tout de même) rendait un verdict ferme et sans appel : « Ceci est incontestablement une sculpture ». Ainsi en a décidé l’artiste investi de la parole divine, repris en chœur par le critique qui en dehors du fait qu’il ne critique pas grand chose et que justement cela soit contestable érige l’œuvre d’art en affirmation : l’art c’est nécessairement sérieux et affaire de professionnels, après tout une affirmation d’un artiste est aussitôt considérée par le microcosme de l’Art comme du pain béni.
Sur ce, je m’en vais aux toilettes admirer les monochromes roses de Moltonel et la sculpture exposée sur le sol...l’entrée est à 15 euros.

mardi 1 février 2011

Serial brainwasher

Si vous êtes amateur d'art ou non et que vous n'avez pas encore vu « Exit through the Gift Shop » (traduit librement et maladroitement en Faites le Mur), courez-y ! Ce film retrace l'ascension d'un petit frenchy installé à LA qui de marchand de fringues est passé au statut d'icône du street art.

Voici le mode d'emploi très simple :

  • trouvez vous quelques street artistes reconnus qui vont enseigneront les bases (ici Shepard Fairey et Banksy)

  • Hypothèquez votre maison

  • Embauchez une armée d'assistants graphistes qui font le boulot à votre place (Toute référence à Jeff Koons semblerait ici évidente)

  • Faites un foin phénoménal, en vous servant de vos cautions artistiques pour rameuter les moutons avides de nouvelles tendances (qui n'ont rien de nouveau)

  • Montez une expo gigantesque, si possible à Hollywood dans d'anciens studios désaffectés

    Et le tour est joué ! Facile ? Un peu trop !!


Si la mise en parallèle des deux personnages que sont Banksy et Brainwash, le film tend logiquement à prendre parti pour le premier qui a en quelque sorte « crée » le second à l'image de Frankenstein. Quand Brainwash a la tête gonflée à l'hélium, celle de Banksy demeure invariablement encapuchonnée ou floutée. Quand l'art de Banksy se porte vers des sujets contestataires (un des piliers du street art), celui de Brainwash est empreint de marketing et pille allègrement Warhol en tout en vidant le street art de sa substance. Quand Brainwash se prend manifestement au sérieux, Banksy manie l'humour noir à bon escient dans ses oeuvres.

Mais le trait est gros et le personnage de Brainwash tellement caricatural qu'on en vient à se demander s'il n'est pas simplement un jouet de Banksy crée afin de dénoncer les travers du marché de l'art, et ceux qui se posent cette question sont nombreux.

La question se pose en effet et non seulement se pose mais me hante, en tant que monstre du marché de l'art, n'ira t-on pas dire aux galeristes pas sages : « si tu finis pas ta soupe, Brainwash va venir accrocher dans ta galerie » ?

Maintenant certains éléments tendent à faire croire qu'il est effectivement ce que les grands collectionneurs pensent qu'il est : un artiste tendance. Après tout, que lui reproche t-on au juste ? De faire de l'art à l'américaine ? De vendre de l'art comme on vend des fringues ? Quand on achète des fripes une misère et qu'on les revend en tant que vêtement de créateur, comme c'est le cas de Thierry Guetta (son vrai nom), on est bien en mesure de faire passer des vessies pour des lanternes, non ? Il nous paraît étonnant voire aberrant à nous européens que l'on puisse faire de l'art en dirigeant une entreprise simplement en sélectionnant les œuvres des personnes qui font le boulot à notre place. Mais n'est-ce pas ce que fait (faire) Jeff Koons dont les œuvres s'arrachent au prix de la tonne de caviar et dont les collectionneurs s'enorgueillissent d'en posséder une ?

Or le fait que les collectionneurs se jettent sur ses œuvres comme un émir du Golfe sur un club de foot n'est il pas un diktat en matière de goût ? Après tout ils ont du pognon, ils ne peuvent pas se planter !!

Andy Warhol n'a t-il pas dit : « Gagner de l'argent est un art, travailler est un art et faire de bonnes affaires est le plus bel art qui soit » ? (parole d'évangile) Et est-ce un hasard si justement les œuvres de Brainwash font constamment référence à Warhol ? Avoir la fibre commerciale, n'est pas nécessairement incompatible avec un talent artistique reconnu ni avec une mégalomanie avérée d'ailleurs : Salvador Dali en est le meilleur exemple.

Alors Brainwash, nouvelle icône de l'art contemporain ou réel imposteur ? Le film repose sur cette ambigüité et chacun peut se faire sa propre opinion du personnage. Après tout comme le dit Shepard Fairey dans le film : « Et si l'art n'était qu'une farce ?»