Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

mardi 21 septembre 2010

Edward Hopper, l'âme de l'Amérique

Le peintre américain (1882-1967) est en effet mis à l'honneur à La Fondation de l'Hermitage à Lausanne jusqu'au 17 octobre. Nombre de critiques d'art influents se sont depuis penchés sur son oeuvre et n'ont pu s'empêcher de la décortiquer et de l'analyser sous toutes les coutures, ne pouvant s'empêcher de gagner leur pain en extrapolant au sujet de ses toiles. L'ennui est que nombre de ces ouvrages font désormais autorité en la matière ; or d'après les termes mêmes de l'artiste : « le truc de la solitude est exagéré ». Le thème en effet a été abordé par Hopper mais de là à écrire pléthore de bouquins avec ça, il faut quand même broder un peu. La tâche est d'autant plus difficile qu'on ne peut pas prétendre pondre d'ouvrage de référence de 200 pages avec un minimum de texte en clamant juste à qui veut bien le lire qu'une œuvre est belle !! Mais le hic est qu'il y a une différence fondamentale entre proposer une interprétation personnelle des oeuvres d'un artiste (qui n'engage que le point de vue de l'auteur) et prendre cette interprétation comme étant une vérité absolue.

Bien évidemment, il est tentant pour un artiste de créer une pièce sans analyser préalablement son sens profond. On en retrouve des exemples pas uniquement en peinture mais également en musique : l'un des plus connus est le morceau I am the Walrus écrite par John Lennon. Le Beatle ayant appris qu'un professeur d'anglais analysait les paroles de morceaux des Fab Four, il décida d'en écrire une « afin de voir ce que ces connards étaient capables de trouver là dedans ». Essayez donc de trouver le sens caché de :

Yellow matter custard, dripping from a dead dog's eye.
Crabalocker fishwife, pornographic priestess,
Boy, you been a naughty girl you let your knickers down.
I am the eggman, they are the eggmen.
I am the walrus


Soit en français : Une crème jaunâtre qui goute de l'œil d'un chien mort

Le casier a crabes de la poissonnière, la prêtresse pornographique

Garçon, tu as été un mauvaise fille tu as baissé ta culotte

Je suis le porteur d'œufs, ce sont les porteurs d'œufs, je suis le morse.

jeudi 16 septembre 2010

Notre Galerie d'art en ligne est enfin fonctionelle !!

Après des mois et des mois et des mois et encore des mois, notre site (www.urban-art-avenue.fr) est arrivé à l'âge adulte, après une adolescence difficile et ingrate. Vous retrouverez ponctuellement sur ce blog notre actu ainsi que des mots-clés, genre Galerie d'art virtuelle, Galerie d'art contemporain en ligne, Galerie online d'art contemporain en ligne virtuelle (!!), vente d'art contemporain en ligne (prochainement la suite)...n'oubliez pas de cliquer dessus c'est important !!!
Désormais, les oeuvres ne sont plus officiellement exposées mais à vendre pour de vrai avec du vrai argent (pas second life quoi !!). Malgré tout, nous resterons fidèles à notre démarche, à savoir désacraliser l'art, tout en gardant à l'esprit une certaine éthique et en recherchant le respect de nos futurs clients et des artistes que nous exposons. Vous pourrez à ce titre retrouver MKT4, Marjorie Herrero et Caroline Checcacci ainsi que leurs oeuvres, du 11 au 18 novembre prochain à la Loft Gallery (vernissage le 11 à 19h30).

jeudi 9 septembre 2010

Ah que coucou !!

Ca va finir par devenir une vieille rengaine mais depuis le temps que l’art contemporain se décridibilise dans les musées hexagonaux, il faut pas venir s’étonner s’il n’a pas plus de crédit lorsqu’il est exposé en place publique. Le dernier exemple en date est une statue de l’icône nationale qu’est Johnny Hallyday. qui a été déboulonnée puis vendue aux enchères alors qu’elle trônait depuis deux ans face au centre culturel de Verneuil sur Avre en Normandie. D’abord réalisée à l’occasion d’un festival d’art naïf, elle est depuis restée sur place. Sauf que, les chers administrés se sont plaints auprès de monsieur le maire de l’incongruité de l’œuvre située entre une église du XVème et une tour médiévale...Johnny n’est plus tout frais mais quand même !!
L’organisateur du festival d’art naïf a donc dû se résoudre à la vendre aux enchères au profit de Maurice Bordier, le sculpteur. Le foin dégagé par cette pseudo polémique comme seul l’art sait générer a tout de même permis de rapporter 8200 euros à son auteur.

Au-delà du fait que ce n’est pas la première fois que la polémique et/ou la provocation font vendre indépendamment de l’œuvre en elle-même, on peut quand même se demander s’il est de bon ton de statufier des personnages contemporains. Nul doute que s’il s’était agi d’un homme politique, il y aurait eu un tsunami de protestations, du moins de la part de ses adversaires. Le fait qu’il s’agisse d’un personnage du show-biz, paraît moins dérangeant : après tout il y a longtemps que le pop art s’est attribué les icônes forgées par notre société de leur vivant. Mais il s’agit d’une statue, d’une part, exposée dans un lieu public, d’autre part, et pas vraiment créée pour s’intégrer à ce lieu en particulier. Le risque est qu’avec une statue d’un personnage public comme Johnny, on en arrive à une forme d’idolâtrie qui peut être parfois malsaine. Peut-on pour autant reprocher aux artistes de représenter des hommes ou des femmes que la société a elle-même érigés en mythes de leur vivant ? Certains vous diront qu’on touche à la liberté de création de l’artiste qui n’est pas toujours conscient ou au courant de l’utilisation qui va être faite de son œuvre a fortiori quand son choix du sujet se révèlerait assez maladroit. Ce qui est certain en revanche, c’est que l’œuvre en question a été vendue à...un fan de Johnny, et que vous verrez fleurir dans les mois qui suivront le décès de Johnny des statues de toutes tailles sur les places des villages qui rebaptiseront les rues du nom de notre rocker national.

jeudi 2 septembre 2010

Consommation de tableaux



Un blockbuster est un phénomène de société visant à « faire exploser le quartier » (littéralement) et pour être « in », il faut l'avoir vu, l'avoir adoré ou détesté et être capable de débattre de son succès. La surenchère médiatique est telle sur ces blockbusters qu'il devient impératif socialement de s'y rendre et presque aussi impératif de les apprécier.

« Blockbuster », terme généralement appliqué au cinéma, il s’impose également dans les musées : dans les années 1970, le directeur du Metropolitan Museum of Art (New York) Thomas Hoving fut l'un des premiers à faire entrer le musée dans la culture de masse, avec la création de ces grandes expositions à succès, destinées à attirer le maximum de personnes.

Aujourd'hui, près d'un tiers des Français se pressent chaque année dans ces expositions à gros budgets, ce qui en fait la deuxième sortie culturelle après le cinéma. Une fréquentation qui ne semble pas être affectée par la crise, car les adeptes des expositions blockbuster sont toujours prêts à faire la queue pendant des heures, qu’il pleuve ou qu’il vente, à débourser une dizaine d'euros puis à défiler en rangs serrés devant des œuvres qu'ils ne pourront consommer admirer qu’à la va-vite, mais parfois jusqu'au bout de la nuit - le Grand Palais a ouvert 24h/24 pour la fin de Picasso et les maîtres début 2009 -, avant de se retrouver à la dernière étape de ce parcours consumériste : l'inévitable boutique-cadeaux, temple du produit dérivé qui sert à rentabiliser la production de l'expo à coups de souvenirs souvent très kitch. A la sortie, on a l’impression d’avoir consommé des tableaux comme on avale un hamburger dans un fast food et la quantité d'œuvres prime évidemment sur la qualité de la visite.

Pour faire une expo blockbuster, il faut : un artiste tourmenté, une approche soi-disant nouvelle sur son œuvre, et l'opportunité unique de voir une réunion exceptionnelle d'œuvres dispersées dans le monde entier. Parmi les expositions d'art qui remportent les plus gros succès : l'Egypte, les impressionnistes, les artistes maudits (Van Gogh, Modigliani) ou les grandes figures de l'art moderne, ce que confirment les récents succès de Picasso et les maîtres au Grand Palais et Kandinsky au Centre Pompidou (plus de 700 000 visiteurs chacune). Le Musée de la Monnaie de Paris a affiché 150 000 visiteurs au compteur pour la rétrospective de David LaChapelle ; la Pinacothèque a totalisé 200 000 personnes pour l'exposition Valadon-Utrillo. Plus récemment, il y a eu aussi Munch ou l'anti-Cri à la Pinacothèque ou Sainte-Russie au Louvre, et à venir à la fin de cette année, Claude Monet au Grand Palais, ou Jean-Michel Basquiat au Musée d’Art Moderne, qui viendront grossir les rangs des expos blockbusters.

L’évenementialisation de l’art paraît inévitable et se constate aujourd’hui avec des expositions « d'artistes » faussement provocateurs mais véritables business men, comme Jeff Koons avec son homard à Versailles ou Damien Hirst et ses veaux et autres bestioles coupées en deux et plongées dans du formol. Selon Jerry Saltz, le célèbre critique d’art du New York Magazine, écrivant à propos des expositions de Koons à Versailles et au Met de New York en 2008, « tout cet art de foires flashy et ces installations hyper-produites et consommatrices d'espace bluffent un instant, jusqu'à ce qu'on passe au prochain événement générateur d'adrénaline », qu'il qualifie de « manières bêtes de dépenser de l'argent, séduire les ploucs, ne rien dire et mettre de côté ce qui serait plus petit, plus discret ou plus risqué ».



fluctuat.net, wikipedia.fr