Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

mercredi 12 mai 2010

Quand je pense à Fernando...

Si vous avez acheté le hors série annuel du Figaro consacré au marché de l'art édité en partenariat avec Beaux Arts magazine, vous pourrez avoir un aperçu des grandes tendances du marché de l'art de l'année écoulée. Bien entendu, il s'agit du Figaro : ce hors-série s'adresse non pas à l'amateur démuni mais davantage au collectionneur averti et très muni. On peut ainsi découvrir les (ouvrez les guillemets avec des gants blancs svp) : « occasions à saisir », au rang desquelles figure une toile de Fernando Botero, Fille de Cirque, bradée à 280000 euros...c'est vrai qu'au prix d'un studio à Saint Germain des Prés ou d'une villa de 250 m² dans le Larzac, on peut s'acheter un Botero. A ce tarif là, il faudrait vraiment être le dernier des abrutis pour passer à côté d'une telle affaire, au prix de 23 années de salaire d'un smicard, vous pouvez même mettre votre Ferrari au clou les yeux fermés.

Le pire est que cet encart tombera probablement entre les mains d'un collectionneur, ou plutôt d'un spéculateur qui déléguera à son expert* ou à sa décoratrice d'intérieur le soin d'acquérir l'oeuvre.

Pour ceux qui se risqueraient à spéculer sur l'art, le hors-série du Figaro est trompeur, pour 99.9% des personnes qui acquièrent une oeuvre d'art quel que soit son prix, la motivation première est le plaisir esthétique.

Evidemment, si le Figaro ne parlait pas de pognon, il perdrait sa raison de vivre, mais la notion d'occasion à saisir a quelque chose de dérangeant. Le marché de l'art n'est pas celui de l'immobilier, le spéculateur ou plutôt l'expert du spéculateur y fait certes aussi la pluie et le beau temps du moins en ce qui concerne la cote des artistes (hélas), mais en revanche la spéculation n'est qu'une infime partie du marché réservée a quelques happy few finalement bien mal conseillés, puisque s'il est un domaine volatile et aléatoire en matière d'investissement c'est bien l'art contemporain.

* le titre d'expert en art en France n'est réglementé par aucune loi ni conditionné par aucun diplôme, dès lors n'importe qui peut apposer une plaque à côté de sa porte en s'autoproclamant expert en art contemporain, en montres, en étiquettes de camembert, ou en porte-clés.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire