Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

mercredi 10 février 2010

Boltanski ou l'art du chiffon

Son exposition « Monumenta 2010 : Personnes » au Grand Palais fait jaser…70 000 personnes sont déjà venues admirer des piles de vêtements censées symboliser les camps nazis et leur ambiance morbide. Il a investi 13.000 m2 et éteint le chauffage pour rendre l’angoisse plus réaliste. L’article d’Yves Jaeglé dans le Parisien du 5 février, mentionne quelques commentaires d’élèves de CM2 qui résument bien l’incompréhension d’une certaine partie du public : « Très joli le tas de linge sale » ou encore « mince ils ont dû dévaliser tous les Emmaüs alentour ».
Cela fait bientôt 100 ans que Duchamp a poussé l’impertinence jusqu’à exposer un urinoir, posant une question toujours d’actualité : est-ce de l’art du fait de la seule volonté de l’artiste ? L’art officiel sans chercher plus loin, s’est empressé de détourner cette question en affirmation (C’est de l’art !) : faisons-le donc entrer dans nos musées…sacré Marcel !!! Du coup, les œuvres contemporaines doivent être intellectualisées, expliquées, replacées dans leur contexte, investir l’espace…une fois ces démarches effectuées (à la portée d’un gamin de 5 ans), peut être aurez-vous la révélation…c’est de l’Art avec un grand AAAAAAHHH.
Plus généralement, l’art contemporain institutionnel a divisé en deux les sentiments à son égard : d’une part ceux qui comprennent (ou font semblant pour avoir l’air dans le coup !) et qui encensent (commissaires d’expo, journaux spécialisés, critiques d’art etc.) et d’autre part ceux qui ne comprennent pas et qui par peur de passer pour des cons ou des incultes n’osent pas s’exprimer. Les premiers forts de leur arrogance essaient de justifier la démarche de l’immense artiste hexagonal à grands renforts d’une armée de 35 « pédagogues » chargés d’éduquer les masses infantilisées. Les seconds qui croient encore naïvement que l’art doit passer par la beauté plastique d’une œuvre restent – au mieux – perplexes. A force de placer l’art contemporain sur un piédestal, on lui enlève toute spontanéité : après une phase d’apprentissage, vous serez a même de ressentir une émotion (!) au contact de l’art contemporain…si vous n’en avez pas, vous êtes insensible…ou attardé.

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