Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

jeudi 5 mai 2011

Ite missa est

A l’heure où le monde occidental danse autour du cadavre encore humide d’un vieux barbu haineux, l’art et son actualité paraissent soudain insignifiants.
Même lorsqu’il s’agit d’un énième travers de l’art contemporain qui se fourvoie encore une fois, le temps d’antenne qui lui est consacré, sûrement faute de catastrophisme, frôle le néant. Il est vrai que bien que les artistes et les œuvres changent, finalement la question reste toujours la même : « a-t-on le droit d’exposer n’importe quoi ? ».
Si je pose cette question hautement novatrice c’est parce qu’une des œuvres d’Andres Serrano exposée à Avignon intitulée Immersion Piss Christ (un crucifix plongé dans un bocal d’urine de l’artiste) a été vandalisée récemment. Le plus drôle, c’est que l’artiste se revendique chrétien et n’a « aucune sympathie pour le blasphème » dit-il dans un entretien consacré dans Libé. Et mieux, sans doute en quête de rédemption : « J'aimerais travailler au Vatican, réaliser une grande œuvre religieuse à Rome, dans les églises de la cité pontificale ».
S’il ne m’appartient pas de juger du caractère blasphématoire de l’œuvre de cet artiste surnuméraire, on peut en revanche s’indigner contre cette catégorie d’artiste à la provoc facile pourtant sacralisée par une frange de béni-oui-oui de l’art contemporain finalement tout aussi intégristes que ceux qui collent des coups de marteaux sur les œuvres : osez adresser un semblant de critique à l’égard d’UNE œuvre ou d’UN artiste et vous détestez nécessairement l’art contemporain...
Nombreux sont ceux qui dans l’art (on peut aussi y ajouter la musique et le cinéma) passent par les chemins tortueux de la provocation pour affirmer un besoin de reconnaissance par l’inévitable publicité que cela engendre, le procédé est usé jusqu’à la moelle mais ça marche toujours apparemment.
Ensuite, les passéistes pathologiques qui ont non seulement dégradé l’œuvre mais en plus menacé de mort le personnel (ça fait tout de suite moins chrétien) dépositaires du seul vrai savoir sautent à pieds joints dans le panneau tendu par l’artiste lui octroyant par la même occasion le statut de victime expiatoire de quelques censeurs illuminés.

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