Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

jeudi 29 décembre 2011

Hommage au stagiaire inconnu (mort pour l’art)

En cette fin d’année morose et à l’heure où Urban Art Avenue vient de perdre son triple A (horreur !), nous souhaiterions rendre hommage à un individu non identifié qui pourtant essaime dans le milieu artistique : le stagiaire.

Pratique et malléable comme de la pâte à modeler Playskool, le stagiaire est rémunéré grassement, reconnu de tous et toujours respecté. A l’issue de son stage, il soit rendre compte de son expérience à l’école qui pratique sa traite et le conçoit comme monnaie d’échange sous forme de rapport. A la fin de son stage il peut également prétendre à un parachute de plomb.

Considérant naïvement qu’il s’agit d’une porte d’entrée dans le monde de l’art, le stagiaire, le plus souvent accepte espérant – toujours naïvement – que peut être éventuellement à tout hasard mais c’est pas sûr, il pourra se voir proposer un CDD de 12 mois renouvelable jusqu’à ce que mort s’ensuive, contribuant ainsi à entretenir un système rodé et approuvé.

En attendant ce jour béni des Dieux, le stagiaire a le droit de fermer sa gueule pour 30% du Smic (perso je l’ai fait pour pas un rond), en payant de sa poche la cantine réservée aux employés modèles qui eux ont su se faire une place au Royaume des Cieux en se faisant entuber mais avec le sourire (c’est là toute la différence).

Pendant que son employeur, qui par ailleurs ne le connaît pas, court les dîners mondains et se gargarise de sa réussite en se masturbant l’égo devant des idolâtres vénaux recherchant ses bonnes grâces, le stagiaire court chez Leader Price s’acheter son paquet de BN Marque Repère qui lui tiendra lieu de repas du soir.

Le stagiaire se demande s’il peut se permettre de rester au service du notable arrogant qui regarde serveurs, femmes de chambres, et vendeurs de fringues comme des untermensch sans avoir à se prostituer ou à quémander de l’argent à ses parents.

Toi oui toi, qui t’apprête à mettre ton corps au service d’une cause aussi noble que celle de l’art, prends garde et reçois cet hommage, certes modeste, mais puisque aucun monument ne rend hommage à ces jeunes hommes ou femmes de l’ombre, fourmis ouvrières oubliées et anonymes, sois assuré(e) de ma plus profonde considération...et lâche ce téléphone portable quand je te parle et va me faire un café !!

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