Stoul/Boogie Woogie Sister n°3 (détail) - Alesko/Octotrap (détail)

lundi 28 novembre 2011

Apologie de l'exception

C'est bien connu l'humanité se divise en deux catégories : les pour et les contres, les riches et les pauvres, les bons et les méchants, les in et les out, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent, la gauche et la droite, les blancs et les noirs, les homos et les hétéros, les hommes et les femmes, les alcooliques et les anonymes, arnold et willy, les bourreaux et les victimes, les on et les off, bref tous ces 0 et ces 1 qui tendent à une pensée binaire, pas unique pour autant mais qui s'en approche d'un peu trop près. Cette simplification extrême de la pensée au delà de la schématisation parfaite qu'elle implique n'amène aucune dérogation aux deux cases préalablement établies. On DOIT appartenir à l'une ou à l'autre, c'est ainsi beaucoup plus facile pour l'Insee, l'IFOP, l'IPSOS et le reste du monde en général... sinon c'est le bordel et on y comprend plus rien.

Si j'en viens à ce triste constat c'est que j'ai récemment eu droit a une petite leçon qui tendait à définir le bon et le mauvais marchand dont la définition est tirée du même tonneau que celui du chasseur, à savoir que le bon marchand est avant tout un collectionneur, le mauvais non.

Kékifé le bon marchand ? D'abord il est gentil, gouzi, gouzi et s'il peut être mondain c'est un plus, le top est de rire avec complaisance aux blagues des gens importants à ses yeux avec une petite courbette en prime. Ensuite Il se constitue un stock d'un artiste qui a déjà un pied et demi dans le trou, stock qu'il laisse dormir tranquille dans le fond d'une cave sèche, c'est mieux, et sur lequel il ne touchera bien évidemment aucun intérêt. Bon pour ceux qui n'en ont pas assez sous le pied pour vivre 10 ans voire plus sur un stock qui ne vous rapporte rien dans l'immédiat, trouvez une paire de godasses à semelles ultra dures, et commencez à planter des patates. Votre étiquette de mauvais marchand vous condamne d'ores et déjà au pilori toujours selon les critères intangibles de cette sommité du monde de l'art.

Il ressortira alors son stock poussiereux au compte goutte au moment opportun afin de pouvoir toucher le fruit de son travail et de son investissement. On arrête le distinguo ici.

Si la dose létale de cynisme de cette personne – autoproclamée bonne marchande - ne vous a pas encore fait passer l'arme à gauche amis marchands, libre à vous de déshumidifier/dératiser/décafardiser votre cave. Après tout à quoi ça sert d'accrocher un tableau quand on peut le garder au frais à la cave et le laisser se décanter ? C'est précisément le but dans lequel un artiste travaille et consacre sa vie.

S'il vous prend encore l'envie de spéculer sur l'art, un conseil : même votre compte courant à la caisse d'épargne est mieux rémunéré... c'est peu dire.

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